13h, la place des Martyrs du vieux Bouira n'arrive plus à contenir la foule qui afflue des communes est et nord de la wilaya. Pendant ce temps, de l'autre côté de Bouira, des citoyens de la région sud prennent possession du jardin faisant face au siège de la wilaya et de l'esplanade de la Maison de la culture. Brandissant des portraits des détenus et des martyrs de la Révolution dont celui d'Abane, les jeunes s'époumonnent : "Madaniya machi âaskariya" (Etat civil et non militaire), "Wellah ma rana habsine" (Nous promettons que nous ne nous arrêterons jamais), "Libérez les détenus !". Vers 13h30, encore plus impressionnante et brandissant le drapeau national et l'emblème amazigh, la foule de la place des Martyrs se met en mouvement pour aller rejoindre celle en stand-by aux abords du siège de la wilaya et à l'esplanade faisant face à la Maison de la culture. Et c'est sur fond de "Rahoum djaw laârouche, hellou lbibane" (Ouvrez les portes : les ârchs arrivent), que la jonction se fait dans un foisonnement de slogans, tel celui le plus prisé depuis quelques vendredis : "Ya n'toum, ya h'naya, wellah ma rana habsine" (Ou c'est vous ou c'est nous ! Promis, nous ne nous arrêterons pas). Avançant lentement, l'impressionnante procession contourne la rue Zighoud-Youcef pour entamer un circuit de près de 2 km. À mesure qu'elle avance, elle draine au passage plus de monde, notamment les familles et les personnes âgées qui préfèrent attendre le passage de la foule pour s'y "joindre". On a l'impression que toute la population de Bouira est là. Femmes, vieillards, enfants, handicapés, chômeurs, cadres…, le peuple dans toute sa splendeur était là. Deux heures plus tard, les marcheurs sont revenus sur leurs pas à la place des Martyrs pour longer la grande rue du centre-ville, jusqu'à la sortie Ouest. Les premiers carrés arrivent sur l'esplanade de la Maison de la culture. Là aussi, et c'est devenu un rituel, avant que la foule ne se disperse, on y improvise des mini-débats. 16h, l'esplanade commence à se vider. Il ne reste que quelques groupes de citoyens férus de débats politiques qui, sans aucun doute, reviendront vendredi prochain.