Les Bordjiens n'ont pas perdu de vue leurs revendications, appelant à un changement politique et à l'avènement d'un Etat civil et démocratique. Il est 13h45 et rien n'indique une quelconque volonté de déroger aux habitudes. La place de la grande mosquée au quartier Mounia est pleine de jeunes manifestants. Un drapeau géant est déployé, des emblèmes amazighs hissés fièrement par des jeunes, des pancartes et des banderoles portaient les messages des manifestants. Un groupe de jeunes débarque en scandant "Ecoutez braves gens, Abane a laissé un testament : Etat civil non pas militaire !", "Nous avons dit au gang pars. C'est soit nous, soit vous !", "Sur les chemins de la liberté et de l'indépendance ! que vive l'Etat civil !", "Nous avons bien dit le gang doit partir", "Le peuple veut l'indépendance !", "Dégage, dégage, gouvernement du bricolage !", "Ecoutez braves gens, Laâlami a donné une consigne : ‘Continuez pacifiquement !'", "Le peuple s'est libéré, c'est à lui de décider !". Les marcheurs ont scandé leurs slogans traditionnels pour dénoncer le bradage des richesses du pays : "L'Algérie n'est pas à vendre", "Non au gaz de schiste ! Les habitants du Sud ont besoin d'eau et non de gaz", et "Total dégage" en réponse aux propos tenus par le président de la République lors de sa conférence de presse. "Offrir des pots-de-vin aux étrangers pour acheter une légitimité", "Vous avez pillé le pays, traîtres", "Vous avez bradé nos richesses, voleurs !". "Par l'union nous vaincrons, par la division nous perdrons", "L'Etat ne peut être bâti sur le mensonge et la fraude", scande la foule qui réclame, à l'occasion, la libération de tous les détenus d'opinion : "Libérez les détenus, ils n'ont pas vendu de la cocaïne !", "Libérez Karim Tabbou, chaâb ihabou !", "Libérez Brahim Laâlami !", "Libérez Cherif Ghassoul !" (deux enfants de la wilaya), "Quelle honte, le Président a gracié les criminels et emprisonné les innocents". L'acquittement de Samir Belarbi semble donner de l'espoir. D'ailleurs de nombreux manifestants ont brandi des pancartes avec son portrait sur lesquelles on pouvait lire : "Bon retour parmi nous.'' Le nom de Khalti Baya a résonné dans les rues de Bordj Bou-Arréridj, tout au long de la marche. C'est aux cris de "Hagrou khalti Baya, Boulicia ! (La police a réprimé khalti Baya !), ou encore "Allah Akbar khalti Baya !"… Sur une des pancartes on pouvait lire : "Changement, pas amendement. Pas d'alternative à votre départ !'' Sur d'autres : "Indépendance !'', "Dégagez tous !" Visiblement les Bordjiens n'ont pas perdu de vue leurs revendications appelant à un changement politique et à l'avènement d'un Etat civil et démocratique.