Des analyste à Wall Street préviennent que l'impact du coronavirus pourrait mener le pétrole à se rapprocher dangereusement du seuil des 26 dollars le baril. L'Arabie saoudite a décidé d'écouler sur le marché pétrolier une partie de la production à des prix au rabais, afin de ne pas perdre des parts de marché. Le pays compte également rouvrir les vannes et ramener sa production à 12 millions de barils par jour. Le royaume a, en effet, réduit, samedi 7 mars, les prix de vente de son pétrole, pour le mois d'avril, sur les marchés d'Asie, d'Europe et d'Amérique, selon Reuters. Ainsi, il propose une diminution de l'ordre de 3,1 dollars sur son brut à destination de ses clients en Asie, de 3,75 dollars pour son pétrole vendu aux Etats-Unis, et de 10,25 dollars au profit d'acheteurs en Europe. Sputnik, une agence d'information russe, fait observer que la baisse a été d'un niveau jamais vu depuis vingt ans. Riyad se lance ainsi dans une guerre des prix voulue. En cassant les prix sur le marché, l'Arabie saoudite adopte un comportement anticoncurrentiel. Une telle attitude risque fort d'asphyxier les autres producteurs et de pousser les plus gros d'entre eux à faire de même. C'est là une situation où tout le monde perd, car, le marché risque d'être inondé et les cours de chuter dangereusement. Du reste, des analystes à Wall Street préviennent que l'impact du coronavirus encore peu clair et la surabondance de pétrole sur les marchés pourraient mener le pétrole à se rapprocher dangereusement du seuil des 26 dollars le baril. Mais quelle mouche a donc piqué les Saoudiens ? Ils se seraient sentis floués, alors qu'ils avaient déjà fait beaucoup de concessions pour parvenir à une position commune sur la question de la baisse de la production discutée à Vienne. Ils ne s'attendaient pas à ce que la Russie leur fasse défection. À cheval sur les convenances autour de la table de négociations, les Russes ont préparé des arguments ou éléments techniques en vue d'alimenter les discussions ou négociations à Vienne, sans heurter de front Riyad, estimant que des réductions supplémentaires de la production seraient "un cadeau béni à l'industrie américaine du schiste", rapporte Bloomberg. On le savait, Moscou voit d'un très mauvais œil le fait que les Américains fournissent des millions de barils de pétrole au marché mondial, alors que les compagnies russes maintenaient leurs puits au repos. La Russie tente de faire face au schiste américain, un secteur en expansion aujourd'hui qui sape les efforts de l'Opep+. Les producteurs américains pompent autant qu'ils le désirent, tirant, en fait, parti des baisses opérées par l'Opep+. Il semble cependant que le royaume n'ait pas été convaincu par l'argument des Russes. Certains voient davantage dans l'attitude de l'Arabie saoudite une tentative de faire pression sur Moscou pour la contraindre à revenir à la table des négociations. Une stratégie gagnante sur laquelle le royaume est en train de miser. Riyad sait que la Russie ne pourra pas tenir longtemps, si les cours de l'or noir chutent fortement. Le pays est à l'aise sur le court terme. Le prix d'équilibre budgétaire russe est à 42 dollars le baril. De plus, le pays dispose d'un matelas de devises relativement confortable. Mais, si la déprime des marchés continue, la Russie risque de se retrouver dans une situation précaire.