Pour s'approvisionner en lait en sachet dans la région de Draâ El-Mizan, comme dans les localités environnantes, les habitants se livrent quotidiennement à un branle-bas de combat. Depuis plusieurs mois, les pénuries de ce produit de première nécessité sont devenues récurrentes et, lorsque la région est approvisionnée, l'offre est très souvent insuffisante pour répondre à toute la demande. Face à cette situation de tension, les laitiers et les commerçants de la ville ne savent plus à quel saint se vouer. Organiser la vente de leur quota qui ne leur parvient que deux fois par semaine, voire une fois pour d'autres, est devenu pour eux un véritable casse-tête chinois. "Déjà, nous travaillons à perte car notre marge bénéficiaire est insignifiante. Puis, avec la pénurie, nous rencontrons de nombreux problèmes avec nos clients", déplore un commerçant du lotissement Mohamed-Belaouche, qui pointe du doigt non seulement les producteurs, mais aussi et surtout les distributeurs qui font, dit-il, la pluie et le beau temps dans ce domaine. De leur côté, les consommateurs sont contraints quotidiennement de faire des chaînes dès l'aube devant les magasins d'alimentation générale et parfois devant le point de vente sis à proximité du CEM Krim-Rabah, agréé auprès de la laiterie Tassili de Draâ Ben Khedda, l'ex-Onalait, où déjà des centaines de personnes s'agglutinent devant l'usine pour s'en approvisionner à raison de quatre sachets par personne. Une situation qui n'a pas manqué de donner lieu à une spéculation sur ce produit de large consommation, cédé jusqu'à 40 DA dans certains villages, alors qu'officiellement il est subventionné par l'Etat et que son prix est fixé à 25 DA. Devant cette pénurie qui perdure, certains se rabattent sur le lait en poudre ou des paquets de lait pasteurisé. Cependant, il n'est pas dit que ces substituts du lait en sachet sont à la portée de la majorité des citoyens car leur prix est inabordable. "Un père de famille peut-il réellement acheter deux paquets de lait par jour à raison de 200 DA, quand on sait que cet aliment vital est consommé deux fois par jour par les familles algériennes ?" s'interroge un habitant. En tout cas, ni les commerçants encore moins les consommateurs ne connaissent les raisons de cette pénurie. Pourtant, selon l'Office national du lait, la poudre ne manque pas. À Draâ El-Mizan, comme dans toute la région du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, les habitants ne cessent de s'interroger à quand le règlement de ce problème qui s'éternise dans un contexte de crise qui a déjà mis le citoyen en général à bout de nerf. Pour leur part, les commerçants disent espérer plutôt une meilleure organisation de la filière pour mettre fin à cette anarchie qui n'a que trop duré.