Le président français, Emmanuel Macron, a fustigé dimanche soir la classe politique libanaise en l'accusant de "trahison", après la mise en échec de l'initiative de Paris pour la formation d'un gouvernement libanais de mission. Retour à la case départ. Le président libanais, Michel Aoun, va convoquer de nouvelles consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d'un nouveau Premier ministre, le troisième en moins d'une année, après la récusation, samedi, de Moustapha Adib. Ce dernier a été incapable de former un gouvernement de "mission" conformément à l'initiative française pour le Liban. M. Aoun a réaffirmé hier son "attachement à l'initiative d'Emmanuel Macron", destinée à sortir le pays de l'impasse politique et de la crise socioéconomique la plus grave de son histoire. La veille, le président français a tenu des propos virulents et acerbes contre la classe politique libanaise à qui il endosse "une trahison collective". "J'ai honte" pour les dirigeants libanais, a lancé M. Macron sur un ton grave, lors d'une conférence de presse, dimanche soir, convoquée à l'Elysée. Le président français a critiqué les "forces politiques libanaises, leurs dirigeants et les dirigeants des institutions libanaises qui n'ont pas souhaité respecter l'engagement pris devant la France et la communauté internationale", regrettant que "les plus hautes autorités du Liban se contentent de constater l'échec". "Les institutions ne peuvent rester les spectateurs passifs de ce qui se passe", a également ajouté Emmanuel Macron. C'est qu'après l'échec de M. Adib à former un cabinet de technocrates, le Liban se retrouve aujourd'hui sans la moindre perspective de sortie de crise en raison des différends politiciens qui minent le pays. Les partis politiques s'étaient pourtant engagés auprès de M. Macron, venu à Beyrouth début septembre, à former un cabinet de ministres "compétents" et "indépendants" dans un délai de deux semaines, condition pour l'envoi d'aide internationale nécessaire au redressement du pays. La mission de Moustapha Adib a été en grande partie entravée par les revendications du puissant mouvement Hezbollah et de son pendant Amal qui réclamaient de nommer des ministres chiites, notamment au poste des Finances, pomme de discorde entre les différents courants politiques. "Le Hezbollah ne peut en même temps être une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie et un parti respectable au Liban. Il ne doit pas se croire plus fort qu'il ne l'est. Il doit montrer qu'il respecte les Libanais dans leur ensemble et il a montré le contraire ces derniers jours", a fustigé le président Macron. En panne de solution, le Liban se retrouve dans une situation des plus complexes, alors que la crise économique jette déjà des millions de Libanais dans une précarité intenable et qui risque encore de durer. Et même si le chef de l'Etat mène de nouvelles consultations parlementaires contraignantes pour désigner un Premier ministre, rien ne dit que ce processus, une épreuve de plus, ira jusqu'au bout.