Qualifiant le projet de révision de la Constitution de "processus qui tourne le dos aux revendications du peuple algérien", l'invitée de la ville des Hammadites dénonce "l'escalade répressive". La présidente du parti de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), Me Zoubida Assoul, a affirmé, hier, depuis Béjaïa, que "le référendum constitutionnel annoncé pour le 1er novembre prochain ne pourra constituer une solution à l'actuelle crise politique que vit notre pays", estimant que "l'Algérie est confrontée à une crise de légitimité politique, dont la solution réside dans la consécration de la souveraineté populaire et le respect des principes démocratiques". Animant une conférence-débat au siège du Centre de documentation des droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa, à l'occasion de la commémoration du 32e anniversaire des événements tragiques d'Octobre 1988, Me Assoul soutiendra que "la même approche du régime algérien ne pourra que reproduire les mêmes résultats". Allusion faite ici au référendum constitutionnel du 23 février 1989, organisé par le pouvoir d'alors en réponse aux revendications de la rue. La conférencière se dit persuadée qu'"on ne peut pas régler une crise politique par un amendement constitutionnel". Interrogée sur la position de son parti par rapport au référendum constitutionnel du 1er novembre prochain, la première responsable de l'UCP rétorquera : "Notre parti ne se sent pas concerné par cette énième révision constitutionnelle dont nous rejetons le projet dans la forme et dans le fond." Qualifiant ce projet d'amendement constitutionnel d'"un processus qui tourne le dos aux revendications du peuple algérien", l'hôte de la ville des Hammadites dénonce "la nette régression des libertés démocratiques depuis l'arrivée de l'actuel chef de l'Etat". Une régression qui se traduit, selon elle, par "cette escalade répressive qui vise à installer un climat de terreur au sein de la société". Afin d'étayer ses propos, elle évoquera la vague d'arrestations qui s'abat sur les activistes du Hirak, l'emprisonnement des journalistes et des militants politiques, citant au passage, les cas de Khaled Drareni et de Khaled Tazaghart, ainsi que l'interdiction faite aux partis d'opposition d'exercer leurs activités politiques... Dans le fond, Me Assoul estime que "la nouvelle Constitution confère au président de la République un pouvoir pharaonique, à travers notamment l'article 91". Elle regrettera, par ailleurs, "l'absence totale d'un débat contradictoire sur la teneur de ce projet constitutionnel" et "la suppression des dispositions garantissant la liberté de culte et de conscience". Par ailleurs, il est à noter que dans la matinée d'hier, un rassemblement citoyen a été organisé, sur l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche, lieu où a été érigée la stèle en hommage aux martyrs d'Octobre 1988 de Béjaïa. Initié par le Collectif pour la réhabilitation du 5 Octobre 1988, qui regroupe plusieurs militants politiques, défenseurs des droits humains et autres acteurs de la société civile de Béjaïa, ce rassemblement commémoratif a été ponctué par une cérémonie de recueillement suivie d'un dépôt de gerbe de fleurs à la mémoire de toutes les victimes des douloureux événements d'Octobre 1988. Lors d'une prise de parole, certains acteurs présents à ce rendez-vous sont revenus sur l'histoire de cette révolte populaire qui a été à l'origine du processus de démocratisation et de consécration du pluralisme politique et du multipartisme dans le pays. Dénonçant le climat de répression qui s'instaure en pleine période de crise sanitaire, les différents intervenants ont appelé les Algériens à "boycotter le référendum constitutionnel", prévu le 1er novembre prochain. Parmi les intervenants, on peut citer Me Zoubida Assoul, la députée du RCD, Nora Ouali, le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Saïd Salhi, le premier responsable de l'association RAJ, Abdelouahab Fersaoui... KAMAL OUHNIA