Plus de 15 personnes ont été interpellées dans la matinée de jeudi 8 octobre à Oran, alors qu'elles s'apprêtaient à organiser un sit-in de dénonciation des féminicides et des violences faites aux femmes. Des journalistes en mission, des militants pour les droits humains, des figures de la lutte pour les droits de la femme ont ainsi été embarqués square Port-Saïd (Front de mer) pour être disséminés à travers plusieurs commissariats de la wilaya où ils ont été retenus et interrogés pendant quelques heures. "Ces arrestations, qui plus est brutales, constituent une grave atteinte aux droits de l'Homme les plus élémentaires. On constate que le droit de manifester et celui d'exprimer son opinion, garantis par la loi, sont malheureusement régulièrement bafoués", a dénoncé Me Farid Khemisti, lui-même arrêté et conduit au commissariat de Akid-Lotfi en compagnie du vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Kaddour Chouicha, et de deux journalistes chargées de couvrir la manifestation pacifique. Le rassemblement, dont la tenue avait été annoncée au lendemain de l'annonce du meurtre sordide de Chaïma Sadou, avait pour objectifs principaux de dénoncer l'augmentation inquiétante du phénomène des féminicides — 38 entre le début de l'année et le 8 octobre — et la banalisation des violences faites aux femmes, mais aussi d'exiger la justice pour les victimes, le droit de vérité sur les assassinats et la protection des femmes et des filles victimes de violences. Egalement interpellée, la militante féministe Fatma Boufenik a considéré dans une publication sur les réseaux sociaux que "la répression de jeudi peut être décryptée comme un message d'impunité pour les auteurs des féminicides et aura pour conséquence la montée des violences contre les femmes et les filles". Cruelle ironie du sort, alors que le rassemblement était empêché et que les manifestants étaient retenus dans les commissariats, les médias online annonçaient la découverte du cadavre de deux femmes à El-Eulma et à Tizi Ouzou.