Pris dans le piège des combats, des dizaines de milliers de civils ont fui vers le Soudan. Quelque 36 000 Ethiopiens ont déjà gagné le Soudan, selon la Commission des réfugiés du Soudan. Le gouvernement éthiopien a démenti hier matin l'imminence de pourparlers de paix qu'il rejette catégoriquement avec les dissidents du Tigré, sous médiation de l'Union africaine, dont le siège se trouve à Addis Abeba, a rapporté l'agence de presse Reuters, affirmant que ses troupes continuent d'avancer sur le terrain en reprenant le contrôle de plusieurs villes-clés dans le nord du pays, frontalier avec l'Erythrée. "Les nouvelles circulant selon lesquelles les envoyés (africains, ndlr) se rendront en Ethiopie pour servir de médiateur entre le gouvernement fédéral et le groupe criminel du TPLF sont fausses", a tweeté hier matin un groupe de travail gouvernemental sur le Tigré, en réaction à l'annonce vendredi par l'Union africaine de la mise en place d'une médiation menée par trois anciens chefs d'Etat africains pour résoudre ce conflit. "La tâche principale des envoyés spéciaux est de faire participer toutes les parties au conflit en vue de mettre fin aux hostilités, de créer les conditions d'un dialogue national inclusif pour résoudre toutes les questions qui ont conduit au conflit et de rétablir la paix et la stabilité en Ethiopie", a indiqué l'UA dans un communiqué, soulignant que l'organisation continentale a choisi les anciens présidents Joaquim Chissano du Mozambique, Ellen Johnson-Sirleaf du Liberia et Kgalema Motlanthe de l'Afrique du Sud comme envoyés spéciaux. La désignation de ces envoyés spéciaux vise à "aider le peuple fraternel d'Ethiopie à trouver une solution aux problèmes actuels, dans un esprit de solidarité, guidés par le dictum de ‘solutions africaines à des problèmes africains'", a expliqué le chef de l'Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui assure actuellement la présidence tournante de l'UA. Mais le gouvernement éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed avait déjà exprimé son refus de toute médiation extérieure, africaine soit-elle ou internationale. Vendredi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré aux journalistes que l'Ethiopie n'était pas intéressée par la médiation externe. "Jusqu'à présent, les autorités éthiopiennes n'ont accepté aucune forme de médiation externe", a-t-il déclaré, appelant à l'ouverture de corridors humanitaires pour apporter du soutien aux populations piégées par les combats. "J'ai parlé avec le patron de l'Igad, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Workneh Gebeyehu), avec le Premier ministre du Soudan (Abdallah Hamdok), le président de l'Afrique du Sud (Cyril Ramaphosa), le président de la Commission de l'Union africaine (Moussa Faki Mahamat) et, bien sûr, avec le Premier ministre éthiopien (Abiy Ahmed) et la présidente éthiopienne (Sahle-Work Zewde) ainsi que d'autres acteurs", a précisé Antonio Guterres. Mais, pour Addis Abeba, il n'est pas question d'arrêter son offensive contre les dissidents du Tigré, qui dénoncent leur marginalisation, estimant être trahis et victimes des nouveaux équilibres politiques dans le pays.