Hormis la transformation en sursis des six mois de prison ferme infligés en première instance à trois accusés, la cour d'appel d'Oran a confirmé, jeudi 24 décembre, l'ensemble des peines prononcées le 14 octobre dernier contre "les marcheurs du 5 Octobre". Les arguments des avocats de la défense, qui avaient dénoncé "un procès sécuritaire et politique", ont finalement été sans effet sur le magistrat de la cour d'appel qui a entériné la décision du tribunal correctionnel de Fellaoucène : quatre mois de prison, dont un ferme, contre Nasreddine Boudjenane, Hadj Bouabça, Karim Zaouch et Houari Abdelmoula, et six mois avec sursis contre une dizaine d'autres citoyens. Tous étaient poursuivis pour les mêmes chefs d'accusation d'attroupement non armé, trouble à l'ordre public et outrage à fonctionnaires et institutions de l'Etat. Les faits, pour rappel, remontent au 5 octobre 2020 dans l'après-midi lorsqu'une poignée de hirakistes a tenté d'organiser une marche en commémoration des événements d'Octobre 1988, dans le quartier de Seddikia, à l'est d'Oran. À peine avaient-ils parcouru quelques mètres que des véhicules de police ont fait leur apparition, les contraignant à se disperser dans les venelles de la cité Point-du-Jour. La vague d'interpellations s'est soldée par l'arrestation d'une vingtaine de personnes, dont des activistes connus du mouvement populaire. Tous seront placés en garde à vue avant d'être présentés le lendemain devant le tribunal de Fellaoucène pour un procès en comparution immédiate qui, finalement, sera reporté au jour suivant pour permettre au président d'audience de prendre connaissance du dossier. Dans cet intervalle, le magistrat décide de placer les hirakistes Boudjenane, Bouabça, Zaouch et Abdelmoula en détention préventive, de déclarer Abdelhadi Abbès, Brahim Benaouf, Amari Ayoub et Fayçal Zeghad, absents de l'audience, en état de fuite, et de remettre en liberté provisoire l'ensemble des autres prévenus. Une semaine après le procès, lors duquel le procureur a requis six mois de prison ferme contre tous les accusés, le tribunal a condamné les détenus à quatre mois de prison dont un ferme, les quatre autres hirakistes à six mois de prison ferme sans mandat de dépôt et le reste des prévenus à six mois de prison avec sursis. Accusation et défense interjettent appel du verdict, et toutes les parties se retrouveront le 10 décembre devant la cour d'appel d'Oran. Le procureur de la République requiert l'aggravation de la peine, alors que le collectif de la défense, qui estime que ce dossier illustre la volonté du pouvoir d'étouffer toute voix discordante, afin de faire passer son agenda, notamment le référendum sur la Constitution, plaide la relaxe.