Les élus démocrates comptent lancer dès demain la procédure de destitution si Donald Trump ne démissionne pas de lui-même, à dix jours seulement de son départ officiel de la Maison-Blanche. Un texte d'accusation circule entre les sénateurs pour enclencher cette procédure. Le président américain, Donald Trump, vit une fin de mandat dans un climat d'isolement qui s'est accentué depuis les incidents de mercredi, provoqués par ses partisans au sein du Capitole qui ont tenté d'empêcher la certification de la victoire de son rival démocrate Joe Biden. Alors que les géants d'internet de la Silicon Valley ont décidé de s'attaquer à ses propos "incitant à la violence" et de mettre fin à l'activité numérique de ses réseaux de soutien, des voix parmi ses pairs républicains commencent à lui exiger de démissionner, considérant qu'il a trahi son serment et causé suffisamment de dégâts pour aller jusqu'au bout de son mandat présidentiel. Parmi les figures de son parti, il y a la sénatrice considérée comme modérée, Lisa Murkowski, ou encore son collègue, Ban Sasse du Nebraska, connu pour un fervent critique de Trump. "Je veux qu'il démissionne. Je veux le voir partir. Il a causé assez de dégâts", a déclaré Mme Murkowski, qui a emboîté le pas à son collègue républicain de la Chambre des représentants, Adam Kinzinger, qui a carrément soutenu l'option de l'empeachment (destitution), en invoquant l'article 25 de la Constitution américaine, qui permet de déclarer le président "inapte" à exercer ses fonctions. "Je veux qu'il sorte. Il a causé suffisamment de dégâts", a déclaré le sénateur de l'Alaska au Anchorage Daily News, faisant référence, entre autres, aux incidents du Capitole qui ont fait cinq morts et plus de cinquante blessés, y compris parmi les forces de l'ordre assurant la sécurité de cet emblématique siège des deux chambres à Washington. Le malaise causé par les agissements de Donald Trump chez les Républicains est tel que Lisa Murkowski songerait à quitter le parti, s'il ne se décidait pas à prendre des mesures de sanctions contre M. Trump. "Si le parti républicain n'est devenu rien d'autre que le parti de Trump, je me demande sincèrement si ce parti est pour moi", a-t-elle affirmé encore vendredi. Sur la Toile, Twitter a décidé de bannir complètement Donald Trump, en fermant définitivement son compte. "Après examen approfondi des tweets récents de realDonaldTrump et du contexte actuel — notamment comment ils sont interprétés (...) —, nous avons suspendu le compte indéfiniment à cause du risque de nouvelles incitations à la violence" de la part du président américain sortant, a expliqué l'entreprise dans un communiqué. Jeudi, Facebook et d'autres services comme Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison-Blanche pour une durée indéterminée. Mais Twitter compte plus que les autres pour Donald Trump — il y avait plus de 88 millions d'abonnés. Un sondage réalisé par l'agence de presse Reuters, conjointement avec l'institut de sondage Ipsos, révèle que 57% des Américains — dont beaucoup de sondés ont voté pour lui le 3 novembre — souhaitent que M. Trump soit destitué et affirment désavouer ce qui s'est passé mercredi au Capitole. Isolé, Donald Trump continue de nier sa défaite face à un Joe Biden qui prendra les commandes du pouvoir dans des conditions politiques difficiles.