La militante des droits de l'Homme et porte-parole des chômeurs à Mostaganem, Dalila Touat, comparaîtra début mars prochain devant la cour d'appel pour répondre des chefs d'accusation d'"incitation au boycott du référendum sur la Constitution" et "outrage à fonctionnaire". Accusations pour lesquelles la jeune femme a été jugée et condamnée, en novembre dernier, à deux années de prison ferme sans mandat de dépôt. Le 1er novembre 2020, Dalila Touat s'était rendue dans un centre de vote de Mostaganem pour exhorter les citoyens à ne pas prendre part au référendum, ce qui a provoqué une altercation verbale avec le chef du centre. Alertée, la police est intervenue pour arrêter la perturbatrice et la placer en garde à vue, avant de la remettre en liberté pour un procès en comparution directe qui a eu lieu fin novembre. Au lendemain de l'énoncé du verdict – contre lequel la défense a interjeté appel –, une vague de condamnations émanant de citoyens a inondé les réseaux sociaux. Ulcérés par la sentence, ces citoyens ont vu dans cette condamnation, comme une volonté de museler la liberté d'expression et de réprimer les voix discordantes pour, à terme, en finir avec le mouvement du Hirak. Cette conviction, largement partagée au sein de l'opinion, a été confortée par la condamnation à 18 mois de prison ferme, prononcée la semaine passée par le même tribunal correctionnel de Mostaganem contre la même activiste, jugée, cette fois-ci, pour outrage à corps constitués, diffamation et publications portant atteinte à l'ordre public. Trois chefs d'accusation que le parquet a choisis pour qualifier les publications que Dalila Touat partageait sur les réseaux sociaux : "Je suis une citoyenne algérienne et j'ai le droit d'exprimer mon opinion (...)", avait-elle soutenu à l'audience, en expliquant avoir partagé son opinion sur des sujets liés à l'actualité nationale et sur des questions d'intérêt public. "Ce sont de graves atteintes aux libertés et nous allons tout mettre en œuvre pour que Dalila Touat – ou tout autre hirakiste poursuivi ou condamné – soit réhabilitée", a assuré Ahmed Mebrek, avocat du Collectif de défense du Hirak d'Oran, après une visite rendue à la porte-parole des chômeurs de Mostaganem. Selon le défenseur, l'enseignante emprisonnée a interrompu la grève de la faim qu'elle avait entamée il y a trois semaines.