Résumé : Anissa prie pour qu'il ne soit rien arrivé à Djalil, qu'il soit en panne quelque part, qu'une âme charitable le retient pour la nuit. Il lui semble que la malchance ne la lâche pas. Elle attend près du téléphone. Nedjmeddine tarde à appeler, elle finit par s'endormir. Anissa l'appelle le matin, elle se sent mal. S'il est arrivé malheur à Djalil, elle ne se le pardonnera pas. -Mon Dieu. Faites qu'il soit retenu quelque part. Laissez le vivre, il est si jeune. Il n'a encore rien fait de sa vie... Anissa est si angoissée qu'elle a un nœud dans l'estomac. Elle prie pour que Nedjmeddine ait juste eu un empêchement et que son ami et lui soient ensemble sains et saufs. Lorsque la porte de la chambre s'ouvre et elle le voit, elle devine sur le champ que Sarah ne s'est pas trompée et qu'il est arrivé malheur à Djalil. Il pleure, il n'a pas besoin de parler. Elle se sent glacée jusqu'aux os. Elle ouvre la bouche pour parler, mais aucun son n'y sort. -Anissa, n'aie pas peur... Nedjmeddine est méconnaissable, les habits tachés de sang. Sous l'effet du choc, Anissa crie longtemps, portant les mains à son visage pour ne plus rien voir. -Calme toi chérie, je n'ai rien, dit-il en la prenant par les bras. Vraiment rien... Je ne suis même pas blessé. -Et tout ce sang ?, demande-t-elle en tentant de reculer. Tu es blessé ? C'est ça, tu es blessé ? -Non, non... Attends... Je t'explique... En la laissant s'éloigner de lui, il peut voir son visage si pâle, son regard terrifié qui ne se détache pas du sang sur ses vêtements. Anissa ne semble pas le croire. Les taches criardes sur sa chemise blanche démentent ses explications. -Courage Anissa... C'est arrivé, lui dit-il. Djalil est... Il est tombé sur un faux barrage. Il y avait un jeune appelé avec lui. Ils sont morts...Anissa, on doit y aller. Ma chérie, ils ont emmené sa dépouille. Je suis venu te chercher. Chérie, ressaisis-toi. Je t'en prie... Je veux assister à son enterrement. On frappe à la porte qu'il n'a pas fermée. Il n'est pas venu seul. Elle reconnaît ses collègues. -Excusez-nous, mais on ne peut pas tarder. -On arrive... -Je ne veux pas... Je ne peux pas, dit-elle en essuyant ses larmes. Sarah, pauvre Sarah... -Tout comme sa famille, Sarah aura besoin de toi, de moi... Ils vont avoir besoin de notre soutien, même si c'est aussi dur pour nous. -Pauvre Djalil... Pauvre Sarah... Elle l'aime tant. Elle ne s'en remettra jamais. Qui aura le courage de lui apprendre la nouvelle ? Qui pourra la réconforter ? Anissa, bouleversée, n'en a pas la force ni même la tête à ramasser leurs affaires. Nedjmeddine s'en occupe. Ils ne tardent pas à partir. Pendant des heures, ils ne disent pas un mot. La perte brutale et terrible leur rappelle que la vie ne tient qu'à un fil. Il y a quelques heures, il était encore vivant, partageant avec eux, le plus beau jour de leur vie. Leur joie n'aura été que de courte durée. -Ce sont des monstres... Ils m'ont pris mon meilleur ami. J'avais l'habitude de tout partager avec lui. Il lui manque déjà. Le matin, ils avaient l'habitude de prendre le café ensemble et de discuter de la situation sécuritaire. Le soir, ils se retrouvaient autour d'un bon dîner lorsqu'ils ne travaillaient pas de nuit. Djalil était passé par une sale période. Il se rappelle qu'il avait été très éprouvé par la perte de collègues et que les cauchemars gâchaient toutes ses nuits et qu'il ne trouvait le repos qu'en prenant son traitement. Il retrouvait le sourire et de la joie lorsqu'il discutait avec Sarah. Ils projetaient de se marier si ces terroristes ne lui avaient pas ôté la vie. -Je les retrouverais, jure Nedjmeddine. Ils payeront pour ce qu'ils vous ont fait. -Il est si jeune, aussi jeune que nous, se rappelle Anissa en larmes. J'ai mal pour lui, pour sa famille... Pour Sarah... -Ça va être dur pour chacun d'entre nous. On se soutiendra. Qu'Allah nous donne la patience. Qu'Allah t'accueille en Son Vaste Paradis mon frère. -C'était quelqu'un de bien, de bon. Sa place est au Paradis. Mais pourquoi ça nous arrive ?
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