Ils se seraient présentés en tant que membres d'Al-Qaïda et voulaient se rendre en Corée du Sud. Panique à bord du vol AH 6025 de la compagnie Air Algérie assurant en B 737-800 la liaison Constantine-Alger, qui a fait l'objet, dimanche soir, d'un détournement que les 27 passagers et le personnel navigant ne sont pas près d'oublier de si tôt, même s'ils en sont sortis indemnes. En effet, de cette prise d'otages on ne compte aucune victime, ni du côté des passagers ni de celui des ravisseurs. L'avion, qui venait de Paris, s'est arrêté à Constantine pour assurer ensuite le vol intérieur en direction d'Alger. Le détournement donc a eu lieu entre ces deux villes. Selon le communiqué d'Air Algérie, “un individu menaçant s'est présenté auprès du chef de cabine pour demander à parler à une haute autorité du pays. L'auteur du détournement a exigé, en cas de non-refus, le plein de kérosène pour se diriger vers la Corée du Sud en compagnie de ses soi-disant complices”. Le document en question reste très évasif et ne donne aucun détail sur l'identité des ravisseurs, laissant cette tâche, selon les responsables de la compagnie nationale, au soin des services de sécurité. Le communiqué précise par ailleurs que “l'équipage a immédiatement pris en charge l'individu et a réussi à le convaincre de se poser à Alger. Les exigences ont été transmises au commandant de bord qui a pris les mesures d'urgence qui s'imposent en pareille situation (verrouillage du poste de pilotage, alerte à la tour de contrôle, etc.)”. Et d'ajouter plus loin : “À l'atterrissage à Alger à 20 h 25, le commandant de bord s'étant assuré, que l'individu n'était pas armé et qu'il ne présentait aucun danger, a pu le convaincre, avec la collaboration des services de sécurité, de libérer les passagers” sans que soit précisé dans le document si les pirates étaient armés réellement ou pas. Air Algérie a indiqué pour conclure que “les passagers et l'équipage ont débarqué normalement et ont été acheminés vers l'aérogare”. Durant les négociations, l'équipage a soupçonné chez l'individu des signes apparents d'effets de psychotropes. Cette même version est globalement confirmée par le premier responsable du secteur des transports. M. Sellal, qui s'est rendu aussitôt sur les lieux, a suivi toute l'opération et a indiqué que l'individu en question, très jeune d'âge, a même menacé de faire exploser l'avion mais, en définitive, il n'était pas armé et a fini par se rendre sans aucune résistance. D'autres sources proches de l'équipage d'Air Algérie ont avancé pour leur part que le pirate de l'air, qui aurait pris l'initiative de s'avancer vers le chef de cabine, aurait déclaré être en possession d'explosifs dissimulés sous son veston. Il aurait demandé donc de se rapprocher du commandant de bord pour lui signifier ses exigences. Ces mêmes sources ont ajouté que ses deux autres acolytes auraient également simulé d'être armés. Un leurre qui, vraisemblablement, sous l'effet de la panique, a bien fonctionné au début. Le pirate aurait demandé en premier lieu d'être acheminé vers un pays lointain en l'occurrence la Corée du Sud. Le commandant de bord lui aurait expliqué que techniquement cela était irréalisable du fait du manque de kérosène et qu'il était indispensable de repasser à Alger avant de tenter autre chose. L'individu se serait par conséquent laissé persuadé d'atterrir à Alger avec pour condition de parler à une haute autorité de l'Etat. Du côté officiel, aucun nom n'a été avancé, mais selon un recoupement de plusieurs sources, il s'agirait bel et bien du chef d'état-major de l'Armée nationale populaire ( ANP), le général Mohamed Lamari. Ces mêmes sources ont ajouté qu'il a fait en effet le déplacement, mais n'a pas parlé aux ravisseurs. Les pourparlers entre services de sécurité et les pirates n'auraient pas duré longtemps car l'équipage aurait assuré que les individus n'étaient pas armés comme ils voulaient le faire croire. Les services de sécurité ont fini par pénétrer à l'intérieur de l'appareil après la libération des otages sains et saufs. L'intervention était tellement simple qu'il est aisé de conclure qu'il s'agissait tout bonnement d'un canular. Les hôpitaux Zmirli et Mustapha-Pacha étaient cependant mobilisés, dimanche soir, pour cet incident. Fort heureusement l'on ne déplore aucune victime, mais c'est l'occasion pour les responsables des structures aéroportuaires de revoir leurs mesures de sécurité, ne serait- ce qu'à titre préventif. N. S. Farouk Bouleoudina désirait aller en Corée L'auteur de la tentative de détournement de l'avion d'Air Algérie assurant la liaison Constantine-Alger a été identifié hier par les services de sécurité. Il s'agit du dénommé Farouk Bouleoudina, âgé de 37 ans. Originaire de Constantine, ce chômeur aurait agi, selon nos informations (Le directeur général de la Sûreté nationale ayant tenu, presque discrètement, une conférence de presse, sans informer l'ensemble des médias, comme il est d'usage), sous l'effet de psychotropes. Vêtu d'un survêtement, il a subitement fait irruption dans la cabine de pilotage pour menacer le commandant et son assistant de faire exploser l'avion s'ils ne lui obéissaient pas. À l'aéroport d'Alger, un dispositif de sécurité impressionnant avait déjà pris place autour du tarmac lorsque le Boeing 737-800 a atterri vers 20h30. Après deux heures de négociations, Farouk Bouleoudina s'est rendu sans résister. Les deux individus, qu'il a désignés comme étant ses complices, n'avaient en fait rien à voir avec sa tentative de détournement, ajoutent nos sources. Il sera présenté, aujourd'hui, devant le procureur. Cette version, confirmée par la DGSN, contraste quelques peu avec celle d'Air Algérie. Farouk voulait aller en Corée. Lyès Bendaoud