Les élections législatives auront bel et bien lieu le 12 juin prochain. Le pouvoir politique ne compte surtout pas revoir son agenda. Les derniers développements sur la scène politique nationale n'ont pas eu d'effet sur les hautes autorités, qui maintiennent, vaille que vaille, cette échéance électorale. Lors de sa rencontre périodique avec la presse, le président Tebboune a réaffirmé que les élections auront lieu à la date prévue. "Le nombre de formulaires retirés pour les législatives du 12 juin prochain est supérieur aux attentes", a-t-il dit, comme pour exprimer un engouement populaire pour ce rendez-vous électoral. Dans ses réponses, le chef de l'Etat n'a aucunement fait référence aux multiples appels au boycott de cette échéance. Il a plutôt choisi de rassurer sur la transparence et la régularité du scrutin, et ce, après avoir émis le vœu de voir les électeurs se rendre massivement aux urnes. "Les élections seront transparentes et régulières, car nous œuvrons à bâtir une Algérie nouvelle, dont le socle est le choix du peuple", a souligné le chef de l'Etat, estimant que "pour de telles élections, la participation de par le monde tourne autour de 40 à 55%". Le chef de l'Etat est-il assez sûr que le taux de participation à la prochaine échéance atteindra cette moyenne mondiale ? Rien n'est acquis, compte tenu, pour rappel, des résultats des deux scrutins organisés depuis son arrivée à la tête du pouvoir. Le fort taux d'abstention lors de la présidentielle du 12 décembre 2019 et celui du référendum sur la Constitution en novembre de l'année dernière ne sont surtout pas de simples positions passagères, mais un signe de rejet d'un agenda. Dans sa plaidoirie en faveur de l'élection, Abdelmadjid Tebboune a fait également référence aux nombreux partis politiques et aux personnalités nationales qu'il avait reçus dans le cadre des consultations politiques. Ces rencontres sont, au demeurant, un appui de taille pour l'action du pouvoir politique. Toutefois, les formations conviées, comme les personnalités choisies, n'ont fait aucune proposition concrète à même d'améliorer la feuille de route de Tebboune — à peine si elles lui serviront de comité de soutien — et sont presque en déphasage, pour ne pas dire en contradiction avec ce que propose le mouvement populaire. Ce dernier, ferme de par sa capacité à remobiliser la rue, a fini par drainer dans son sillage plusieurs autres formations politiques du camp démocratique. Hormis celles qui s'inscrivent toujours dans l'action du Pacte de l'alternative démocratique (PAD), le refus du FFS de prendre part à l'élection, après avoir tenu en haleine sa base militante pendant plusieurs semaines, est révélateur du malaise dans lequel se trouvent les autorités, lesquelles n'ont pas pu "convaincre", à juste titre, la direction du plus vieux parti de l'opposition de la sincérité de la démarche. Les autorités sont, de ce fait, face à un risque de voir toute une région du pays sortir de la représentation parlementaire, même si le recyclage de la clientèle du système bat son plein. Il en est de même pour les autres régions qui, sans l'apport quantitatif des participants, notamment les islamistes, le mot d'ordre du rejet de l'élection a fait son petit bonhomme de chemin parmi les manifestants. Même s'il est difficile de prédire les conditions de la tenue de l'élection et encore moins son issue, il est à noter que le recours du chef de l'Etat aux assurances sur le scrutin démontre que rien n'est définitivement acquis, ni pour le pouvoir et encore moins pour l'opposition. Mohamed Mouloudj