Dans l'entretien accorder à Liberté, le député français Cédric Villani, révèle que le dossier des essais nucléaires dans le sahara algérien est entre les mains du locataire de l'Elysée. Plus d'une semaine après le report de la visite du Premier ministre français, Jean Castex, le président français, Emmanuel Macron, s'est exprimé sur l'état des relations algéro-françaises. Dans une interview accordée au journal français Le Figaro, Emmanuel Macron a jugé "inacceptable" l'attaque du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaaboub, qui avait affirmé, lors d'une séance au Sénat, que la France était "l'ennemi traditionnel et éternel" des Algériens. Mais le chef de l'Etat français a vite fermé la parenthèse et préféré s'appuyer sur l'aspect positif des relations entre les deux pays. Il met ainsi cette déclaration sur le compte des "résistances" que rencontrerait le chef de l'Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune. "Je crois (...) que cette volonté est très largement partagée, notamment par le président (algérien Abdelmadjid) Tebboune. Il est vrai qu'il doit compter avec quelques résistances...", soutient Emmanuel Macron. Ce dernier a presque repris les mêmes éléments de langage que son homologue algérien qui affirmait, dans une récente interview, que le président Macron avait "de bonne intentions", mais qu'il rencontrait des résistances. Au-delà de la guerre des mémoires qui empoisonne les relations franco-algériennes, le chef de l'Etat français pense que cela cache d'abord "un sujet franco-français". "Au fond, nous n'avons pas réconcilié les mémoires fracturées ni construit un discours national homogène", a admis Emmanuel Macron, qui rappelle que "la mémoire fracturée, c'est celle des pieds-noirs, celle des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français, celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette migration, celle des binationaux... Toutes ces mémoires cohabitent sur notre sol et vivent dans un même pays dont elles partagent le projet national. Il faut les réconcilier". "Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte", a-t-il martelé. Cette intervention publique d'Emmanuel Macron intervient à un moment où les relations algéro-françaises connaissent un nouveau coup de froid. Malgré une entente affichée entre les deux chefs d'Etat, le renforcement des liens, le travail de réconciliation des mémoires et la coopération se heurtent à des obstacles, à des couacs et, parfois, à des malentendus. Parfois, ce sont des déclarations de responsables qui font grincer la machine. Quelques heures avant la venue avortée de Jean Castex à Alger, le ministre du Travail avait, en effet, qualifié la France d'"ennemi éternel" de l'Algérie. Une déclaration qui a été mal accueillie en France. Le ministre d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a qualifié ces propos de "paroles excessives". Il a, cependant, soutenu que ces paroles ne devaient pas pousser les autorités de son pays à convoquer l'ambassadeur français à Alger. Comme pour en rajouter une couche, le conseiller du président de la République chargé des questions de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, a rappelé que "la France coloniale a œuvré pour répandre l'analphabétisme en Algérie". S'exprimant à l'occasion de la Journée du savoir, il a affirmé qu'avant la colonisation, "tous les Algériens savaient lire et écrire". Mais "(...). Pendant les trente premières années de colonisation, la France avait éliminé les personnes qui lisaient et qui écrivaient. Il s'en est suivi l'ère du pillage". Les déclarations d'Abdelmadjid Chikhi, chargé comme Benjamin Stora, du côté français, d'élaborer un rapport sur la mémoire, n'ont pas suscité pour l'heure de réactions officielles en France. Mais les médias hexagonaux ont donné un aperçu sur l'état d'esprit qui règne chez les officiels à Paris : les propos de Chikhi semblent avoir été mal perçus. Avant de fixer une nouvelle date pour la visite du Premier ministre français pour la tenue de la haute commission mixte algéro-française, les deux chefs de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian et Sabri Boukadoum, se retrouveront dans les prochains jours pour tenter probablement de réchauffer les relations et de dépasser les malentendus. Ali Boukhlef