Notre pays est considéré par les fabricants du Sud-Est asiatique comme l'une des têtes de pont de l'exportation des produits électroniques vers l'Europe. “Avec la promulgation de la nouvelle loi sur le registre du commerce qui, entre autres dispositions, élimine la procuration de ce document et qui oblige l'opérateur à s'identifier avant chaque opération d'importation, le secteur informel perd progressivement du terrain.” C'est ce qu'a déclaré M. Abderrahmane Benhamadi, premier responsable de l'entreprise de fabrication électronique Condor Electronics et P-DG du groupe Benhamadi Antar-Trade. Lors d'une conférence qu'il a animée hier au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), M. Benhamadi revendique le statut de fabriquant algérien. Pour cela, il demandera dans une prochaine étape le certificat d'origine algérienne dans le but d'exporter ses produits essentiellement vers l'Europe. Condor utilisera le réseau européen de ses partenaires asiatiques, en l'occurrence les chinois et les coréens. L'exportation de Condor Electronics vers l'Europe intéresse énormément les Asiatiques car, avec la mise en vigueur de l'accord d'association de l'Algérie avec l'Union européenne, ils peuvent exporter par le biais de l'entreprise algérienne qui n'aura pas à payer les droits de douane. Condor a ciblé dans une première phase deux pays, à savoir la France et l'Allemagne classée plus grand marché en Europe. “L'accord d'association avec l'UE est une bonne chose pour nous pour peu que nous sachions l'exploiter”, confirme le patron du groupe Benhamadi. Abordant le marché national de l'électronique, l'invité de l'UGCAA a indiqué qu'il est caractérisé par une demande importante. Rien que pour les téléviseurs, elle est estimée à plus de 800 000 unités/an. “C'est un chiffre énorme, mais qui pourrait satisfaire cette demande ?” s'est-il interrogé. Une chose est certaine, explique-t-il, les vrais fabricants, ceux reconnus sur le marché, ne peuvent pas faire face à ces besoins. Ce qui, par conséquent, encourage et anime le circuit informel. L'opérateur inconnu, précisera M. Benhamadi, demande ainsi à son fournisseur de mettre telle ou telle marque sur le produit qu'il souhaite introduire en Algérie. Il commercialise ensuite en toute liberté sa marchandise loin des circuits officiels. C'est, selon lui, l'œuvre d'opérateurs non identifiés. Interrogé sur le poids de la contrefaçon sur le marché, le conférencier déplore l'absence de statistiques. Il affirmera toutefois qu'il a d'ores et déjà traduit en justice des sociétés qui ont contrefait ses produits. Un nouvel investissement avec des Américains Il s'agit de ses climatiseurs, ses téléviseurs et ses récepteurs numériques. Il a gagné deux procès alors que cinq autres sont en cours. Or, il n'existe qu'une douzaine de véritables producteurs en Algérie. Les autres activent donc dans le marché parallèle. La production de ces professionnels avoisine, selon le P-DG, les 50 000 unités/an par produit. Le premier responsable de Condor avoue que son entreprise détient entre 30 et 40% de parts de marché de l'électronique. En 2004, Condor a investi, selon son responsable, plus de 100 milliards de dinars dont plus de la moitié dans les équipements de production et le reste dans la réalisation des bâtiments dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. L'entreprise a réalisé, en outre, un chiffre d'affaires de 3 milliards de dinars en 2004. Celui de l'année en cours avoisinera, selon M. Benhamadi, 4 milliards de DA. Son objectif principal d'ici à 2006 est de concrétiser ses premières opérations d'exportation, notamment des récepteurs numériques vers la France. Il y a lieu de souligner que Condor est une marque algérienne déposée depuis 2002. Six unités industrielles s'étalent sur une superficie de plus de 50 000 m2 composent cette entreprise. En attendant un taux d'intégration plus important, l'entreprise continue à produire en CKD. Dans le but de diversifier ses activités, Condor Electronics concrétisera bientôt, a annoncé M. Benhamadi, un nouvel investissement “stratégique” en coopération avec une société américaine. Sans vouloir donner plus de détails, le patron de Condor dira que l'entreprise importera des équipements à partir des USA. Badreddine K.