Palerme, une ville au sud de l'Italie, s'est vu attribuer hier le rang prestigieux de capitale de la Méditerranée. Pas moins de 250 entreprises ont séjourné dans cette région sicilienne en répondant à l'appel italien en vue d'organiser une rencontre d'affaires et, pourquoi pas, jeter les jalons d'un nouveau partenariat entre ce pays européen et les 13 pays de la rive sud de la mer Méditerranée. Cette rencontre étalée sur deux jours constitue le 1er Forum économique de la Méditerranée, organisé à l'initiative de l'Italie. « La conférence de Barcelone nous a fait rêver et continue toujours de nous faire rêver », plaidait un haut responsable des autorités régionales devant un auditoire fort nombreux composé des délégations des pays de la rive sud de la Méditerranée. Un tournant dans la politique des affaires étrangères, où diplomatie rime avec diplomatie d'affaires ? Ou est-ce tout juste le reflet d'une volonté de prendre à bras-le-corps un certain nombre d'opportunités économiques et commerciales dans le cadre du processus de Barcelone ? Pour le ministre italien des Affaires étrangères Gianfranco Fini, « cette rencontre est née il y a quelques mois de la volonté commune des opérateurs qui sont liés à l'échange et au commerce étranger ». Néanmoins, il considérera que « c'est un moment fondamental » pour les relations entre son pays et ceux de la rive sud. D'après lui, la région est redevenue « centrale » pour le monde entier et Barcelone est la « seule » stratégie possible. Néanmoins, il y a lieu de signaler que l'Italie, comme nombre d'autres pays de l'UE, s'expose depuis quelques années à une rude concurrence d'économies, asiatiques notamment. Mondialisation oblige, chaque pays se doit d'être à l'affût de parts de marché supplémentaires ou du moins défendre celles acquises. Dans cette optique, il est à considérer, selon les chiffres fournis par l'organisation patronale Confidustria, que l'Italie dispose d'un niveau d'échanges, avec les 13 pays invités de la rive sud, de 36 milliards d'euros. En hors hydrocarbures, le niveau des échanges est de 19 milliards d'euros. « La Chine et l'Inde ensemble valent moins que les échanges avec les pays de la rive sud de la Méditerranée », conclut le président de la Confidustria, Luca di Martzemolo. Le ministre des Affaires étrangères a, par ailleurs, affirmé : « L'Europe doit amorcer une nouvelle phase de rapports. » L'Italie semble ainsi dans le cas de vouloir donner un second souffle à ses relations économiques et commerciales, et plus que jamais à Palerme, on parle de projets concrets. L'Algérie a été représentée à cette manifestation par une délégation comprenant plus d'une vingtaine d'entreprises (publiques et privées) et des responsables institutionnels (ANDI, ABEF...). Les rencontres entre hommes d'affaires sont prévues dans le courant de ces deux journées pour nouer des relations et pour certains même de conclure, selon certaines indiscrétions. Quoi qu'il en soit, l'Italie, qui mise beaucoup sur cette région, compte bien redresser sa balance commerciale avec l'Algérie. Bien que cela soit encore difficile, de l'aveu même de ses responsables, l'Italie enregistre une balance commerciale déficitaire avec l'Algérie qui est de 5,5 milliards de dollars. Le niveau a connu une croissance de l'ordre de 45% par rapport à l'année dernière. La raison est vite établie, puisque l'Algérie exporte vers l'Italie des produits hydrocarbures, dont les cours ont connu une augmentation ces dernières années. Néanmoins, les exportations italiennes vers Algérie ont connu une baisse remarquable. La plus spectaculaire baisse est enregistrée dans le registre des produits agricoles et alimentaires puisque le niveau a chuté pour l'année dernière de l'ordre de 90%, passant ainsi de 200 millions de dollars US à, à peine, 30 millions de dollars US. Pour les biens de consommation, l'exportation des meubles de bureau a chuté à 100%, selon le responsable de l'Institut italien du commerce extérieur en Algérie. Cette débâcle est due à la compétitivité des produits asiatiques et turcs. En tout cas, le gros des exportations italiennes, constitué à hauteur de 60% du total, est représenté par les biens d'équipement industriels (mécanique, électronique...). L'Italie exporte vers l'Algérie pour 800 millions de dollars US en biens d'équipements industriels. Quant aux biens de consommation durables, comme les voitures et la pièce de rechange, les exportations italiennes ont enregistré une croissance de 10% par rapport à 2004 pour un montant de 210 millions de dollars. Enfin, la déclaration de Barcelone a vu le jour il y a 10 ans. Et aujourd'hui encore, on regrette autant chez les pays du Sud qu'en Europe le fait que le flux des investissements étrangers n'ait pas connu la croissance souhaitée. En 10 ans, en effet, les pays du Sud n'ont obtenu que 1,1% des IDE européens.