Point de surprise : comme attendu, les Algériens n'étaient pas nombreux hier à se rendre aux urnes à l'occasion des législatives anticipées. Jusqu'à la mi-journée, les chiffres communiqués par l'Autorité indépendante des élections (Anie) confirmaient la tendance à la désaffection générale. À 13h, le taux de participation était de seulement 10,2% à travers tout le territoire national. À 16h, il a légèrement augmenté pour atteindre 14,47%, selon les chiffres officiels. À l'heure où nous mettons sous presse, les nouveaux chiffres du taux de participation n'étaient toujours pas disponibles. Probablement en raison de la faiblesse de la participation, l'Anie a décidé en fin de journée de proroger d'une heure la fermeture des bureaux de vote en raison des conditions climatiques qui sévissent dans certaines régions. Comme de tradition, les taux les plus élevés de participation ont été enregistrés à la mi-journée dans les wilayas du sud du pays. La palme d'or revient à la wilaya d'Illizi avec un peu plus de 53% suivie de Tindouf, la ville garnison, (plus de 36%) et Tamanrasset (plus de 28%). Cette tendance des wilayas du sud du pays à participer massivement aux élections pourrait expliquer sans doute, a posteriori, le choix des autorités d'augmenter le nombre de wilayas dans cette vaste région du pays. Organisé dans un contexte politique tendu, sur fond d'un tour de vis sécuritaire, d'arrestations d'activistes et d'emprisonnements de hirakistes, de marasme économique et au terme d'une campagne électorale fade en dépit de la mobilisation des médias étatiques et des télévisions privées, le scrutin a confirmé les prédictions des observateurs : seuls les militants des partis participants, les proches des candidats et quelques réseaux souterrains ont accompli l'acte électoral. Dans les grands centres urbains, particulièrement du nord du pays, les Algériens ont boudé massivement les urnes. Comme à Alger où selon nos reporters, les Algérois ne se sont pas bousculés au portillon des centres du vote. Autre projection qui consacre sans doute la rupture politique avec le pouvoir central : le boycott massif de la Kabylie. Après avoir enregistré une participation nulle à la présidentielle de décembre 2019, puis au référendum sur la Constitution en novembre 2020, la Kabylie a carrément tourné le dos au scrutin. Moins de 1% seulement des électeurs ont daigné voter. Dans plusieurs communes de cette région, les centres de vote ont fermé leurs portes dès le milieu de la matinée faute d'électeurs. Ce "divorce", — quand bien même cette assemblée serait "représentée" par des députés issus des quelques centaines de votants —, ne manquera pas d'avoir à terme des implications politiques. Comment le pouvoir s'y prendra-t-il avec cette nouvelle donne et comment parviendra-t-il à rétablir les passerelles de la confiance ? Plus globalement comment s'accommodera-t-il avec un Parlement dont les signes montrent qu'il sera en déficit de légitimité ? Au terme de l'accomplissement de son devoir électoral, Abdelmadjid Tebboune a réitéré qu'il ne se souciait pas du taux de participation, façon peut-être d'anticiper sur le faible emballement des Algériens à un scrutin qui inaugure une autre séquence dans la crise qui se perpétue. "J'ai déjà déclaré que le taux de participation ne m'intéressait pas. Ce qui m'importe est que ceux qui sortiront de l'urne détiennent la légitimité populaire qui leur permettra, demain, d'exercer le pouvoir législatif". Karim K. Taux de participation dans quelques wilayas Constantine : 11,40% Sétif : 12% (17h) et 20,87% (20h) Tizi Ouzou : 0,72% (20h) Béjaïa : 0,79% (20h) Médéa : 15,65 % (17h) Oran : 17,90% (20h) Sidi Bel-Abbès : 16,16% (17h)