Si la commémoration de ces attaques se résumait jusque-là à des cérémonies dédiées au souvenir, le 20e anniversaire intervient incontestablement dans un contexte pour le moins renversant avec le départ précipité des troupes américaines d'Afghanistan. Onze septembre 2001-11 septembre 2021. 20 années séparent les deux dates. Cela fait donc deux décennies que l'Amérique a été frappée au cœur par le terrorisme international, sous la bannière d'Al-Qaïda. Deux avions bondés de voyageurs avaient été détournés par des hommes armés qui ont forcé leurs équipages respectifs à foncer droit dans les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan, au sud de la ville de New York, et un autre sur le Pentagone. Un quatrième appareil — qui visait peut-être le Capitole, siège du Congrès, ou la Maison-Blanche — s'écrasa en Pennsylvanie. Ces attentats commis selon un mode opératoire inédit, n'avaient pas seulement secoué la première puissance militaire au monde qui pensait être à l'abri d'une attaque aussi meurtrière. Par leur caractère spectaculaire, mais surtout par leur ampleur, ces événements ont induit de profonds bouleversements dans les relations internationales et imprimé une nouvelle orientation à la lutte contre l'hydre islamiste qui n'a eu de cesse de muter pour continuer à exister. Si la commémoration de ces attaques qui avaient plongé le monde entier dans une terreur indescriptible se résumait jusque-là à des cérémonies dédiées au souvenir, le 20e anniversaire intervient incontestablement dans un contexte pour le moins renversant avec le retrait précipité des troupes américaines d'Afghanistan. Vingt ans auparavant, les Américains, ébranlés par l'agression du 11 septembre 2001, avaient pourtant décidé d'envahir l'Afghanistan considérée comme la principale planque d'Al-Qaïda, désigné comme le commanditaire des attentats. L'objectif était de pourchasser la bête dans ses derniers retranchements. Le président américain George W. Bush avait promis de traquer les responsables de cette entreprise terroriste et avait averti que Washington ne ferait "aucune distinction entre les terroristes et ceux qui les abritent". Mais avec le retrait inattendu, tout récemment des forces américaines de ce pays et le chaos qui a suivi avec la prise de pouvoir des Talibans, idéologiquement très proches du réseau dirigé par Ben Laden, c'est comme un retour à la case départ qui se profile pour un processus censé, à la fin, aboutir à la neutralisation des principales bases du terrorisme international qu'abritait l'Afghanistan. La décision américaine apparaît, avec du recul, bien plus comme une réaction épidermique qu'une réplique réfléchie à une menace de plus en plus grandissante des réseaux terroristes mondiaux. Preuve en est qu'après deux décennies de présence américaine sur le sol afghan, c'est la branche la plus dure du courant djihadiste qui s'empare du pouvoir à Kaboul. Comment expliquer ce retrait pour le moins déroutant des forces américaines ? Comment ces dernières ont-elles laissé le pays à des fondamentalistes islamistes qu'ils avaient pourtant chassés il y a de cela 20 ans ? La plupart des observateurs restent sidérés par la précipitation avec laquelle les Américains ont "fui" ce pays laissant derrière eux des milliers de partisans locaux livrés à un pouvoir qui promet rien de moins que l'application de la chariâ. Certes, le président Joe Biden a avancé comme prétexte le poids pesant, au fil des années, des dépenses militaires américaines pour maintenir à flot l'Afghanistan. La présence américaine dans ce pays asiatique a coûté à son pays la bagatelle de 2 000 milliards de dollars en vingt ans. Mais l'argument financier est-il le seul paramètre qui a contraint les Américains à changer de fusil d'épaule et à abandonner le navire en pleine tempête ? Force est de constater, en effet qu'un autre facteur, d'ordre militaire celui-là, a été crucial dans la décision prise par les autorités américaines. La dégradation continue de la situation sécuritaire en Afghanistan a fini par user les troupes américaines qui ont perdu en l'espace de vingt ans, quelque 2 500 hommes. Et l'avancée sans cesse des Talibans qui n'ont pas lâché la pression sur la capitale afghane en y perpétrant des attentats meurtriers dans les quartiers les plus sécurisés, semble avoir donné à réfléchir aux responsables américains pour qui la débâcle était promise. Et ils ont dû boire le calice jusqu'à la lie avec ce nouvel attentat, le 26 août dernier, qui a tué 13 militaires américains à l'aéroport de Kaboul, en pleine opération d'évacuation. Tout un symbole pour des troupes débarquées deux décennies auparavant pour nettoyer le pays de la menace du fondamentalisme islamiste et qui risque de redevenir ce repaire tant redouté du terrorisme international.