Le chef de la junte en Guinée, le colonel Mamady Doumbouya, a dévoilé les organes avec lesquels il compte conduire la transition vers la restauration d'un pouvoir civil élu, sans fixer la durée de cette période. Dans le même temps, la pression est montée hier sur les militaires pour, qu'après des années d'atermoiements sous le président déchu Alpha Condé, ils ouvrent le procès des responsables présumés du massacre de plus de 150 personnes douze ans auparavant, jour pour jour, sous un autre régime militaire, celui du capitaine Moussa Dadis Camara. La "charte de la transition", sorte d'acte fondamental lu lundi soir au journal télévisé et signé par le colonel Doumbouya, président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), assigne aux autorités de transition une série de missions, dont l'élaboration d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections "libres, démocratiques et transparentes". La transition sera conduite par quatre organes : le CNRD instauré par les militaires après le putsch du 5 septembre, le président de la transition, tout à la fois chef du CNRD, chef de l'Etat et des forces armées, un gouvernement dirigé par un Premier ministre civil, et un organe législatif, le Conseil national de la transition (CNT). Aucun membre de ces organes ne pourra se présenter "ni aux élections nationales ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la transition". La durée de cette transition sera fixée d'un "commun accord entre les forces vives de la nation" et le CNRD, selon la charte, alors que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) a donné, le 16 septembre, un délai de six mois aux putschistes pour organiser des élections. La Cédéao, comme l'ensemble de la communauté internationale, exige, en outre, la libération de M. Condé, 83 ans. S'agissant de l'ordre chronologique des différentes missions de la transition, l'ambassadeur de Guinée à l'ONU a indiqué, lundi, à l'Assemblée générale des Nations unies, que la révision des listes électorales et l'élaboration d'une nouvelle Constitution précèderait la tenue des élections. Le CNT, composé de 81 membres proposés par différentes composantes de la population, dont les partis politiques, la société civile, les syndicats, le patronat ou les forces de sécurité, devra élaborer le projet de Constitution. Les membres du gouvernement de M. Condé et des institutions de son régime ne peuvent être désignés au CNT, selon la charte. La coalition qui a animé la mobilisation contre le troisième mandat de M. Condé, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), avait réclamé vendredi l'exclusion d'une centaine de personnes, dont de nombreux anciens ministres, juges, gouverneurs et préfets, du processus de transition.