À Laghouat, tout le monde fait quelque chose pour le vieux bâti, mais personne n'est en mesure de faire tenir debout ses murs qui tombent en ruine. Devant l'état de délabrement de la vieille ville de Laghouat, cité antique des Maghraouas, de nombreux observateurs s'interrogent sur le manque d'empressement des décideurs, qui ne semblent pas inquiétés par le sort du vieux bâti, qui se trouve actuellement dans un état de dégradation très avancé. Une simple virée dans l'ancienne ville de Laghouat est édifiante. "Chaque mur qui tombe, c'est une partie de notre mémoire qui disparaît, sans qu'un geste soit fait", déplore Amine Lotfi Sokhal. Lanceur d'alerte, il passe tout son temps à narrer les légendes de cette cité antique. La vieille ville peine à rester debout, au grand dam des amoureux de Laghouat d'antan, qui doivent encore attendre très longtemps pour que les décideurs en mode hors champ se décident à sauver ce patrimoine qui se désagrège d'une mort certaine. "À chaque fois que je passe par Z'gag El-Hajaj une grande tristesse me saisit à la vue de l'état délabré des lieux. Toute la ville est ruinée. Il ne faut s'attendre à rien des élus", selon un autochtone dépité, avant de s'interroger sur l'urgence de restaurer le vieux ksar de l'ex-place Randon à Z'gag El-Hajaj et le ksar de Kourdane de Aïn Madhi, capitale de la confrérie tidjanie, qui se détériorent de jour en jour. La villa des Bouameur, abandonnée à son triste sort, ne ressemblera jamais au petit paradis qu'elle pourrait être et dont rêve tout amoureux de Laghouat et de son histoire millénaire. La villa a reçu la visite de plusieurs hautes personnalités du monde politique et culturel, telles que le bey Moncef de Tunisie, Ferhat Abbas, Moufdi Zakaria, et plusieurs ministres algériens. Ce bel édifice unique, construit avec amour et passion qui défie le temps, est aujourd'hui tristement à l'agonie. Située à la rue El-Gharbya, ex-Marguerite, au cœur de l'ancienne ville de Laghouat, cette demeure, qui est une réplique exacte et jumelle de Dar Aziza d'Alger, a été construite en 1848. À l'origine, elle appartenait à la famille des Bensalem, qui la vendirent aux Bouameur dans les années 1920. Aujourd'hui, cette perle de Laghouat se perd devant l'indifférence des politiques, se plaint Reche Safia, artiste peintre de son état. Dar Aziza, qui était une belle villa mauresque couverte par un jasmin qui procure aux passants et aux visiteurs une halte ombragée d'où l'on contemple un ciel bleu azur, est devenue un spectacle affligeant. Un trésor inestimable qui devrait être préservé pour en faire un lieu touristique d'exception. Malheureusement, on n'y respire plus l'odeur ni du jasmin ni du couscous, mais celle des eaux usées et autres odeurs nauséabondes. Cette belle villa tombe en ruines sous les yeux de la famille Bouameur, propriétaire des lieux, qui attend sa restauration par les pouvoirs publics. Cette belle demeure, témoin d'une belle époque, donne l'image d'un patrimoine négligé et abandonné. Cependant, malgré sa dégradation physique, elle représente une belle image d'un passé resplendissant et constitue un patrimoine historique, culturel et urbain inestimable. En effet, d'une architecture typée, cette maison est restée le témoin et le cadre physique d'une culture et d'une manière de vivre. Dans la conscience collective des Laghouatis, elle est encore le noyau historique de la cité des Maghraouas. Au-delà du rôle qu'elle devrait avoir, elle continuera malgré tout à assumer la vocation de devenir un musée de culture en continuité avec sa tradition historique. Malheureusement, c'est toute une mémoire qui s'effrite. À quand un plan d'urgence pour la restauration du vieux bati ?