Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a appelé, à l'occasion d'un séminaire qui s'est tenu ce week-end à Oran, à agir collectivement pour mettre fin à la "marginalisation de l'Afrique au sein du système international" et à éviter de "mettre en péril" l'unité de l'Union africaine, appelée à jouer un rôle plus important dans la résolution des conflits qui minent le continent. Unifier les rangs des pays africains et parler d'une même voix pour pouvoir, un jour, peser sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, telle a toujours été l'ambition du séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique depuis sa création en 2013. C'est ce que ses responsables ont réitéré, jeudi dernier à Oran, à l'occasion de la 8e conférence qui s'achève ce 4 décembre. Premier à intervenir devant une assistance composée de ministres et de représentants des pays membres au Conseil de paix et de sécurité de l'UA, des membres africains au Conseil de sécurité de l'ONU, d'experts et de représentants d'instances africaines, de l'ONU et de la Ligue arabe, Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, a souligné la nécessité pour l'Afrique d'adopter une seule position et de parler d'une seule voix. "Nous pensons qu'il y a encore plus de place pour l'amélioration pour atteindre notre objectif commun d'une Afrique parlant d'une seule voix capable d'influencer le processus décisionnel au sein du Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il notamment déclaré dans son intervention, en s'enorgueillissant de l'institutionnalisation du séminaire, qui constitue désormais un "forum d'échange de vues et de partage d'expériences" devant permettre au Groupe A3 (les représentants africains au Conseil de sécurité de l'ONU) de "démontrer le véritable esprit d'unité et de solidarité africaine dans la promotion des positions africaines communes sur la paix et la sécurité". Le chef de la diplomatie algérienne a également appelé à agir collectivement pour mettre fin à la "marginalisation de l'Afrique au sein du système international" et éviter de "mettre en péril" l'unité de l'Union africaine, appelée à jouer un rôle plus important dans la résolution des conflits qui minent le continent. Ramtane Lamamra a averti que les pays africains devraient d'abord reconnaître leurs propres lacunes et redoubler d'efforts pour traduire dans les faits la vision inscrite dans l'agenda 2063 d'"une Afrique intégrée, prospère et pacifique portée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène mondiale". Ce schéma tracé par l'Union africaine, rappelons-le, s'articule autour de sept "ambitions majeures", dont la paix et la sécurité, l'unité politique, la bonne gouvernance et la capacité d'agir sur la scène internationale. Dans son intervention, le président du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine, l'Ethiopien Demeke Mekonnen Hassen, a également insisté sur les vertus de l'union et de la cohésion dans une Afrique confrontée à des défis majeurs. "Seules l'unité et l'entente des pays africains permettront au Groupe A3 (Kenya, Niger et Tunisie) d'avoir un impact sur le Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il assuré. Le vice-Premier ministre éthiopien a, par ailleurs, rappelé que ce séminaire permettra de "consolider les liens entre le Conseil de sécurité de l'UA et ses représentants à l'ONU", instance au sein de laquelle, a-t-il reconnu, il est difficile de se battre pour la paix et la sécurité en Afrique face à des pays forts qui défendent leurs propres intérêts. "L'Ethiopie fera tout son possible pour soutenir la paix et la sécurité et défendre les pays africains, notamment auprès des pays membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il encore assuré lors de son intervention. De son côté, Othman Jerandi, ministre tunisien des Affaires étrangères et coordonnateur des membres africains du Conseil de sécurité de l'ONU, a estimé que les contextes régional et international incitent à consolider les efforts pour apporter des réponses à la paix et à la sécurité en Afrique. Le diplomate a plaidé pour la systématisation de la coordination entre les pays africains et la "cohésion et l'action commune" du Groupe A3 pour faire avancer les priorités du continent africain et apporter des solutions aux nombreux et lourds défis auxquels le continent africain continue de faire face, comme les changements climatiques, le terrorisme, la migration, la pandémie de Covid-19, etc. Bankole Adeoye, qui a succédé à l'Algérien Smaïl Chergui à la tête du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, a indiqué que le séminaire sera une plateforme de préparation des nouveaux élus des A3 (le Gabon et le Ghana) à "mieux articuler, promouvoir et défendre les positions et les intérêts africains communs au sein du Conseil de sécurité". L'ambassadeur nigérian, qui n'a pas manqué d'énumérer quelques-unes des crises qui tourmentent les pays africains (conflits armés, terrorisme, afflux de mercenaires étrangers, prolifération d'armes illicites, épidémies, pandémies...), a, lui aussi, appelé à saisir l'opportunité de la rencontre pour "établir une feuille de route claire pour nos efforts collectifs pour atteindre les objectifs inscrits dans l'Agenda 2063 (...)". Les travaux du 8e séminaire, qui doivent s'achever aujourd'hui par l'examen des conclusions présentées par la commission de l'Union africaine, se sont poursuivis par trois sessions à huis clos portant sur l'architecture de la gouvernance en Afrique, la menace terroriste et les perspectives de renforcement de mécanismes de lutte de l'UA, et le renforcement de la voix de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU.