Les contaminations par la Covid-19 augmentent vertigineusement à Béjaïa, au moment où plusieurs membres du corps médical sont en arrêt maladie à cause de cette pandémie qui touche de plus en plus de jeunes, en majorité sans antécédents médicaux. Le centre hospitalo-universitaire Khelil-Amrane de Béjaïa enregistre une hausse angoissante des admissions. Quelque 111 patients Covid-19 sont hospitalisés dans les services de maladies infectieuses, de pneumo-phtisiologie et de médecine interne, ainsi que dans le service réanimation Covid, a-t-on appris auprès du Dr Hamitouche, médecin généraliste au CHU de Béjaïa. "C'est la moitié du nombre enregistré durant le pic de la troisième vague", assure notre interlocuteur. Parmi eux, sept patients sont intubés, alors qu'ils sont neuf en tout à être admis en réanimation dans le service Covid-19, dont le profil a bien changé depuis la première vague. Les patients sont de plus en plus jeunes et n'ont pas d'antécédents médicaux pour la majorité. Ils sont même en bonne santé, poursuit notre interlocuteur, avant de développer une forme grave de la maladie. Les chiffres sont confirmés par Hafid Boudrahem, surveillant général au CHU de Béjaïa, qui a fait part de deux décès ces 24 dernières heures. "En 24 heures, nous avons admis dans nos structures 14 nouveaux patients. À l'hôpital Khelil-Amrane, ils sont 67 patients dont neuf en réanimation", affirme-t-il, précisant que "sept d'entre eux sont intubés". Et d'ajouter qu'"à Frantz-Fanon, ils sont 26. Et avec ce chiffre, les deux services dédiés à la Covid sont plus que saturés. Nous serions obligés, si le nombre des contaminations continuait d'augmenter, d'en ouvrir un troisième à l'unité de Targa Ouzemour pour 18 autres patients. Quatre femmes enceintes, quatre nouveau-nés et dix enfants sont hospitalisés dans le service de pédiatrie depuis près d'un mois". À Khelil-Amrane, un cinquième service dédié à la Covid-19 vient d'être ouvert, signe que la hausse des hospitalisations est sérieuse. Même le personnel médical, affirment séparément le Dr Hamitouche et M. Boudrahem, n'est pas épargné par ces contaminations. Deux médecins, le Dr Yahiaoui et le Dr Djouadi, sont hospitalisés. Ce dernier est en réanimation, a-t-on indiqué. Ils sont une trentaine d'infirmiers en arrêt de travail, a regretté Hafid Boudrahem. "Actuellement, l'oxygène est suffisant, ajoute M. Boudrahem, mais nous souhaitons tout de même une baisse rapide de cette pandémie." Surveillant médical au CHU, Hafid Boudrahem a salué la décision prise par la directrice générale du CHU, Mme Gharbi, d'interdire les visites familiales. "Les va-et-vient des parents de malades ne sont pas pour arranger les choses. Nous espérons même mettre de l'ordre avec les gardes-malades, qui doivent être clairement identifiés", a-t-il dit, estimant que "la population devrait comprendre que le nombre de cas positifs est en forte hausse ces deux dernières semaines". Le Dr Hamitouche déplore que "les jeunes continuent de refuser de porter le masque et de respecter les gestes barrières". "Je suis convaincu, dit-il en conclusion, que ce n'est pas le traitement qui va nous sauver de cette catastrophe, mais la prévention."