Selon Me Bouchachi, la défense va introduire un appel dans l'espoir de faire annuler ce verdict. Le coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, ne quittera pas la prison. Le tribunal de Baïnem, à Bab El-Oued (Alger), a rendu son verdict hier, en le condamnant à une peine de deux années de prison ferme assortie d'une amende de 200 000 DA. Selon Me Bouchachi, la défense va introduire un appel dans l'espoir de faire annuler ce verdict. Le dirigeant du MDS est poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation, dont "atteinte à la personne du président de la République", "outrage à corps constitués", "diffusion de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national", "diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'unité nationale" ou encore "diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'ordre public". Visiblement abattue par une telle sentence qu'elle n'attendait pas, Messaouda Cheballah, l'épouse de Fethi Ghares, a vivement réagi sur sa page Facebook : "Deux ans de prison pour un responsable de parti politique ! Votre fin sera comme celle du Pharaon : la noyade !" Un cadre du MDS, Yacine Teguia, est allé jusqu'à qualifier le pouvoir de "pyromane". "La condamnation de Fethi Ghares à deux années de prison prononcée aujourd'hui (hier, ndlr) au tribunal de Baïnem renforce le sentiment qu'il est prêt à embraser l'Algérie pour assurer la pérennité de ses intérêts", a-t-il écrit sur sa page Facebook. "Fethi Ghares est sans illusion sur ses méthodes (du pouvoir, ndlr) et sur son caractère arbitraire. C'est avec dignité et résolution à mener le combat jusqu'au bout qu'il a accueilli sa condamnation. Il sait que le verdict de l'histoire sera moins clément avec ses persécuteurs", a-t-il soutenu, avant d'ajouter : "La lutte pour libérer Fethi Ghares doit donc continuer, s'élargir et s'élever qualitativement." "Plus qu'un scandale politico-judiciaire, la condamnation de Fethi Ghares à deux années de prison ferme va renforcer la défiance du peuple algérien envers la justice de notre pays", a estimé le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui voit dans cette condamnation une illustration de "l'instrumentalisation politique de la justice dont même les magistrats sont les victimes". "Plus que jamais, nous devons remettre le respect des droits par les décideurs au centre de la vie publique et construire une société fondée sur le droit et le respect de la personne humaine", a-t-il encore soutenu. Le porte-parole du Parti socialiste des travailleurs (PST), Mahmoud Rachedi, a, pour sa part, qualifié ce verdict de "révoltant". "C'est une grave escalade dans la répression. Il n'y a pas de mesures d'apaisement, c'est la dictature qui s'installe !", a-t-il asséné. De son côté, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) trouve le verdict "honteux et scandaleux". "Ce verdict est une preuve de plus, une dérive de trop dans la criminalisation de l'acte politique. Fethi est poursuivi pour ses opinions et pour son engagement politique en tant que responsable du MDS un parti politique agréé et légal", a-t-il soutenu. Tout en dénonçant cette condamnation, le FFS observe, "parallèlement" à cette décision, "une terrible dégradation du climat des libertés individuelles et collectives dans le pays et un recours progressif et systématique des autorités à la criminalisation de l'action politique et à sa déformation, dans une stratégie autoritaire multiforme dont les manifestations sont l'escalade du harcèlement, les restrictions et les provocations sécuritaires, judiciaires et même administratives contre les organisations politiques, syndicales et associatives, ainsi que contre divers militants des droits humains et journalistes, dans le but de faire taire toute voix dissidente qui ne se conforme pas à la vision unilatérale du pouvoir". Tout en appelant à une "cessation immédiate de ces pratiques oppressives et arbitraires", le FFS, qui réitère "sa solidarité absolue avec tous les prisonniers d'opinion et avec toutes les organisations, qu'elles soient politiques, associatives ou syndicales", soutient que l'approche sécuritaire ne fera qu'exacerber la situation. Selon lui, l'Algérie a besoin, face aux défis auxquels elle est confrontée, d'"un projet national global, qui se traduise par un dialogue (...) dans un climat de confiance, de calme et d'acceptation des opinions opposées, et qui ouvre la voie à la résolution de la crise nationale qui n'a que trop duré". Lors du procès du 26 décembre 2021 au tribunal de Baïnem, le procureur de la République avait requis 3 ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA à l'encontre du prévenu. Fethi Ghares a été arrêté le 30 juin 2021 chez lui, à Gué-de-Constantine, par des éléments en civil, puis embarqué au commissariat du 5e (Bab El-Oued). Il a été présenté le lendemain devant le procureur du tribunal de Baïnem (Bab El-Oued) qui a transmis son dossier au juge d'instruction du même tribunal qui, à son tour, a décidé de le placer sous mandat de dépôt.