L'Australie, l'un des principaux exportateurs mondiaux de gaz naturel liquéfié (GNL), se dit prête à expédier des cargaisons de GNL vers l'Europe pour "soutenir ses amis et alliés", alors que les Etats-Unis cherchent à augmenter leurs livraisons à destination du Vieux Continent au cas où une invasion russe de l'Ukraine venait à perturber l'approvisionnement de l'Europe en gaz. Canberra s'engage ainsi à contribuer à atténuer la baisse des livraisons russes, sur fond de crise politique avec les Européens en raison du conflit ukrainien. C'est là le dernier épisode d'une crise gazière qui donne des poires d'angoisse aux consommateurs du Vieux Continent, pris dans l'étau d'une baisse des approvisionnements russes et l'absence d'alternative de nature à réduire leur dépendance du gaz russe. En plus de leurs livraisons de GNL à destination de l'Europe, les Etats-Unis ont entamé une série de pourparlers avec les sociétés énergétiques et les principaux pays producteurs de gaz au monde, dont l'Australie et le Qatar. L'objectif étant de tenter une sécurisation de l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel en cas d'interruption des livraisons russes. Les Européens et les Américains craignent que la Russie ferme les robinets si l'Occident venait à imposer des sanctions à Moscou pour une éventuelle invasion de l'Ukraine. Le scénario d'une escalade militaire en Ukraine conduirait à une crise énergétique majeure en Europe, étant donné que la Russie fournit environ un tiers des 450 milliards de mètres cubes de gaz naturel consommé en Europe. Ce scénario du pire, décrit la semaine dernière par des responsables de l'Administration américaine, entraineraient de nouvelles pénuries dont les conséquences économiques sont pour le moins catastrophiques. Certains analystes soupçonnent que la Russie a d'ores et déjà commencé à resserrer les vannes. Les exportations russes transitant par l'Ukraine semblent beaucoup plus faibles que d'habitude en ce mois de janvier. C'est un scénario qui n'épargnerait pas non plus la Russie, dont les ventes de gaz et de pétrole représentent l'essentiel des recettes du pays en devises. Une interruption des livraisons du gaz russe à destination de l'Europe porterait un coup dur à la réputation de la Russie en tant que fournisseur fiable et accélérerait les efforts des gouvernements européens pour réduire leur dépendance vis-à-vis du gaz russe. Ces retombées potentiellement catastrophiques d'une crise politique beaucoup plus grave entre Russes et Occidentaux pourraient amener les deux parties à éviter l'escalade. Pendant ce temps, la crise ukrainienne et la flambée des prix du gaz en Europe ont attiré les méthaniers comme des papillons vers une lampe ; l'UE et le Royaume-Uni important massivement du gaz, dont le volume quotidien serait le double du niveau de l'an dernier à la même période. L'incertitude qui enveloppe le Vieux Continent maintiendra les prix du gaz à un niveau élevé. Les cours européens ont grimpé de 64% en variation mensuelle et de 69% en variation annuelle.