Les enseignants grévistes dénoncent les abattements sur les salaires décidés "arbitrairement" par l'administration, mais aussi le problème du transport pendant les périodes de congé, le non-versement des primes de rendement trimestrielles et leurs conditions socioprofessionnelles difficiles. La reprise des cours décidée par le ministère de l'Education nationale, après un répit de 15 jours imposé à cause du bond des contaminations par la Covid-19 enregistrée en Algérie, n'a toujours pas eu lieu à Tin Zaouatine, à 500 km au sud de Tamanrasset. Les enseignants des trois paliers ont décidé d'engager un bras de fer contre la direction locale de l'éducation et de paralyser tous les établissements scolaires jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. L'avis de grève, dont nous détenons une copie, évoque plusieurs points problématiques ayant motivé cette action de protestation. D'emblée, les grévistes ont exigé l'application des instructions du ministère de tutelle, notamment concernant la mise à niveau des salaires des contractuels au même titre que les employés stagiaires. Ils ont également soulevé l'épineux problème des salaires non versés depuis janvier 2021. Le document, adressé à toutes les autorités locales, ainsi qu'aux députés de cette région de l'extrême sud du pays, revient sur les abattements sur les salaires décidés arbitrairement par l'administration. Les points relatifs au transport pendant les périodes de congé, au non-versement des primes de rendement trimestrielles et à la médiocrité des conditions socioprofessionnelles dans lesquelles évoluent les enseignants affectés dans cette localité enclavée ont également été soulevés par les protestataires, qui n'ont pas manqué d'afficher leur inquiétude, notamment à l'approche du mois sacré de Ramadhan. Ils ont de nouveau interpellé la direction locale pour qu'elle relance l'étude du dossier des logements afin de permettre une meilleure prise en charge aux enseignants de cette commune relevant administrativement de la wilaya d'In Guezzam. Contactée par nos soins, la directrice locale de l'éducation, Sektou Bousbéat, a tenu à faire savoir que le paiement des salaires des contractuels pour la période allant du mois de janvier au mois de juillet 2021 n'a pas été fait en raison du manque de crédits budgétaires. "Toutefois, la direction a versé les arriérés de salaires des quatre derniers mois de l'exercice 2021, et les mandats de paiement sont au niveau du Trésor de wilaya", a-t-elle indiqué, précisant qu'une commission présidée par un directeur local a été dépêchée sur place pour tenter de raisonner les enseignants grévistes. Et d'éviter surtout que cette situation soit généralisée à toutes la wilaya de Tamanrasset en raison des doléances multiples enregistrées dans ce secteur névralgique, s'inquiète Amar Trouni, enseignant d'éducation artistique, qui dit avoir subi "l'injustice sous toutes ses formes". Interdit d'accès à la direction depuis avril 2021, Amar attend toujours la fameuse convocation pour signer son nouveau p.-v. d'installation intervenant après son transfert de l'école des cadets. Alors que sa situation est toujours floue en raison, affirme-t-il, "d'un acharnement administratif", il reçoit la décision de transfert de son conjoint, employée dans le même secteur, dans une région distante de 130 km du chef-lieu de wilaya. "J'étais transféré arbitrairement parce que j'ai osé réclamer mes droits. Maintenant, on ose s'attaquer à ma femme pour se venger de moi et pousser ainsi mes sept enfants à l'errance. C'est grave ! J'ai sollicité tout le monde pour mettre un terme à l'arbitraire que nous subissons depuis plusieurs mois déjà, en vain. À travers vos colonnes je m'en remets au ministre pour qu'il intervienne avant que les choses ne prennent des tournures scandaleuses", s'insurge Amar Trouni. Interrogé à ce sujet, la direction de l'éducation, n'ayant toujours pas donné d'explication, préfère se murer dans le silence.