Des députés ont quitté jeudi l'hémicycle, en raison des soupçons qui ont pesé sur l'élection de Fathi Bachagha à la tête d'un gouvernement que M. Dbeibah et une partie des Libyens rejettent, le qualifiant d'"illégal" et d'"illégitime". Le Premier ministre libyen du gouvernement de transition, Abdelhamid Dbeibah a affirmé hier qu'il annoncera son initiative de sortie de crise le 17 du mois en cours, alors que jeudi le Parlement a désigné Fathi Bachagha au même poste pour former un nouvel Exécutif. Cette initiative s'articule autour de l'organisation d'un double scrutin législatif et constitutionnel le même jour, pour baliser le terrain à la tenue d'une élection présidentielle. "Une classe politique, qui a pris le contrôle de la Libye au cours des dix dernières années, s'est emparée de l'argent et de la décision, et ce sont les mêmes visages qui se battent puis se partagent le butin", a-t-il accusé, en référence à la classe politique qui dirige la Libye depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, fin 2010, avant de s'attaquer à ses adversaires qui ont désigné jeudi M. Bachagha pour le remplacer. M. Dbeibah a qualifié d'ailleurs le vote du Parlement exilé à Tobrouk (Est du pays) de "futilité entachée de fraude et de falsification pour une minorité du Parlement, contrôlée par la majorité et le manque de transparence et d'intégrité". En effet, des députés ont quitté jeudi l'hémicycle, en raison des soupçons qui ont pesé sur l'élection de Fathi Bachagha à la tête d'un gouvernement que M. Dbeibah et une partie des Libyens rejettent, le qualifiant d'"illégal" et d'"illégitime". La légitimité du Parlement n'est pas en reste dans ce paysage politique libyen, dominé par les rivalités personnelles et tribales, et dont certains faits sont déterminés par le poids des ingérences étrangères dans un interminable conflit politico-armé dans ce pays. Si le gouvernement, dirigé par M. Dbeibah, devrait partir, après avoir échoué dans sa mission, pour laquelle il avait été mis en place, des Libyens réclament aussi l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale, l'actuelle étant en exercice depuis 2014. La sortie de Premier ministre intervient dans un contexte de blocage politique en Libye, marqué par le refus du Parlement de fixer une nouvelle date de la présidentielle, après le report de celle du 24 décembre dernier, faute d'une liste définitive des candidats. La Commission chargée de cette élection s'est retrouvée dans un véritable traquenard, subissant de nombreuses pressions et croulant sous une pluie de recours des candidats qu'elle a recalés, à leur tête le controversé général Khalifa Haftar et Seif el-Islam Kadhafi, fils de l'ancien guide libyen, visé par un mandat d'arrêt international. Bénéficiant encore du soutien d'une partie des Libyens, Abdelhamid Dbeibah ne compte pas lâcher prise, au même titre que les membres de son exécutif, déterminés à rester au pouvoir, quitte à replonger le pays dans un nouveau statu quo, que l'ONU cherche à éviter à tout prix. Mais le grand risque c'est celui d'un retour à la confrontation armée, qui impliquerait surtout des parties étrangères, craint encore l'ONU, parrain du processus de sortie de crise, devenu obsolète à partir du moment où la présidentielle n'a pas pu se tenir dans les délais.