Les professionnels du numérique réaffirment le droit des opérateurs activant dans la filière d'acquérir des équipements nécessaires au fonctionnement de leur activité. La surtaxation des produits électroniques et informatiques fait sortir les professionnels du numérique de leurs gonds. Le Groupement algérien des acteurs du numérique (Gaan) a appelé les pouvoirs publics à revoir de fond en comble le nouveau barème d'imposition appliqué à l'importation des produits numériques, y voyant "une sanction infligée à la majorité des Algériens, faute de sanctionner le comportement d'une minorité". L'annonce, la semaine dernière, par l'administration douanière, de nouvelles taxes, dont les taux culminent à plus de 100%, imposées aux micros portables et smartphones importés par colis, a fait couler beaucoup d'encre. Cette décision a provoqué les foudres des professionnels du numérique qui, dans un communiqué diffusé avant-hier, ont réaffirmé le droit des opérateurs activant dans la filière du numérique d'acquérir des équipements nécessaires au fonctionnement de leur activité. "Les citoyens non commerçants, parmi les étudiants et les chercheurs, seront grandement affectés par ces nouvelles taxes qui vont considérablement augmenter les coûts des consommables dont ils ont besoin dans leurs activités scientifiques et techniques, d'autant que certains de ces appareils et accessoires aux spécificités particulières ne sont pas disponibles sur le marché national", lit-on dans le communiqué du Gaan. Il s'agit d'une nouvelle vague de taxes et impositions qui vient submerger aussi bien les consommateurs algériens que les professionnels du numérique, après celle provoquée par la levée du régime préférentiel dont bénéficiaient les usines de montage. Ainsi, deux années après la remise en cause dudit régime fiscal appliqué à l'importation des kits CKD-SKD destinés au fonctionnement des usines de l'électronique et de l'électroménager, suivi de la décision d'étendre le DAPS (droit additionnel provisoire de sauvegarde) aux smartphones et autres consommables électroniques, la loi de finances 2022 est venue en rajouter une couche en révisant à la hausse les taux d'imposition des consommables informatiques et téléphoniques. En application, en effet, des articles 123, 128, 129, 135, 136, 137 et 138 de la loi budgétaire de l'actuel exercice, il a été décidé de taxer les smartphones et tablettes à plus de 133% et leurs accessoires à 60%, alors que les PC et leurs accessoires sont imposés à 60%. Les articles de la loi de finances 2022, qui font l'objet d'une polémique qui ne cesse d'enfler, sur lesquels l'administration douanière a bâti son nouveau barème d'imposition, portent sur le traitement des différents colis acheminés par la poste et les autres opérateurs du fret express. L'administration douanière, prétexte d'une part une volonté d'"encadrer l'activité sans cesse croissante des achats effectués par internet (e-commerce international) et, d'autre part, d'appliquer une taxation au profit du Trésor public au-delà du seuil de franchise autorisé". Outre leurs conséquences sur l'activité du numérique et le coût à la consommation, ces décisions posent un défi colossal : celui de pouvoir s'approvisionner en consommables électroniques produits localement, après deux années de blocage quasi total des importations des collections SKD-CKD et des unités de montage. Le rassemblement algérien des professionnels du numérique, Gaan, rappelle dans son communiqué qu'il avait adressé, en août 2020, une lettre au Premier ministre dans laquelle il avait demandé au gouvernement de revoir les taxes douanières appliquées à l'importation aux consommables informatiques et numériques. Le Gaan avait conclu, dans sa missive, que les taxes élevées sur ces biens affectaient directement les prix de ces produits, "ce qui n'est pas conforme aux objectifs du gouvernement et au vœu du Président qui n'a cessé d'appeler à accélérer le processus de numérisation et de soutenir les startup". Le Gaan annonce dans son communiqué avoir installé un groupe de travail, composé d'experts et d'opérateurs économiques, dans le but de "formuler des propositions et des solutions pratiques à soumettre au gouvernement dans le cadre de l'élaboration de la loi de finances complémentaire 2022". La décision de surtaxer les produits électroniques s'avère ainsi incompréhensible pour bien des professionnels, à l'heure où les besoins de numérisation sont considérables pour l'économie. Mais encore, comme ce fut le cas pour l'automobile, peut-on réussir à faire émerger une industrie locale à coups de blocages et de restrictions des importations ? La question mérite d'être posée.