Soutenus par la perspective d'un possible embargo européen sur les exportations de pétrole russe, les cours de l'or noir se remettent à flamber, atteignant hier les 118 dollars le baril. Un haut responsable allemand souligne que "la question d'un embargo sur le pétrole n'est pas de savoir si nous le voulons ou pas, mais dans quelle mesure nous sommes dépendants de ce pétrole". La Fédération de Russie explique, elle, que si un embargo lui était imposé, le prix du pétrole pourrait s'envoler et atteindre les 500 dollars le baril ! Ce scénario est-il improbable ? En l'état actuel, personne ne peut le prédire. Face aux incertitudes créées par la guerre en Ukraine, l'Opep et ses alliés préfèrent s'en tenir à l'accord de limitation de la production qu'ils ont négocié et signé ensemble. Donc ce conflit, ils ne souhaitent pas s'en mêler. À la guerre en Ukraine s'ajoutent, par ailleurs, les tensions au Moyen-Orient où les Houthis ont lancé plusieurs attaques nocturnes aux drones et aux missiles contre des cibles en Arabie saoudite. Ces tensions entraînent également des perturbations de l'offre pétrolière. D'ailleurs, l'Arabie saoudite a annoncé dimanche une "réduction temporaire" de sa production dans l'une des installations du géant Aramco, touchée par une attaque des rebelles Houthis du Yémen voisin. Par ailleurs, plusieurs pays membres de l'alliance ne disposent que de capacités de production limitées. De ce fait, ils ne seront pas en mesure de contribuer à étoffer l'offre. Les pays de l'Opep ont produit 28,473 millions de barils par jour en février dernier, contre 28,033 millions de barils/jour en janvier, soit une hausse de 440 000 barils/jour, selon des sources secondaires citées dans le dernier rapport de l'Opep. Il serait ainsi difficile de suppléer le pétrole russe, la Russie étant le plus gros exportateur mondial avec 8 millions de barils de brut par jour expédiés à travers le monde. Il faut dire que la situation est préoccupante et que tout le monde en connaît les causes. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) parle même de "choc mondial de l'offre pétrolière". Elle a même proposé une dizaine de solutions à court terme avec effet immédiat pour tenter d'enrayer la machine, comme la circulation alternée dans les grandes villes ou l'augmentation du télétravail. Quid de la demande ? Dans son dernier rapport, l'Opep a maintenu inchangées ses prévisions relatives à la demande, relevant que, pour le moment, la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2022 reste maintenue à 4,2 millions de barils/jour, compte tenu de la forte incertitude et de l'extrême fluidité des évolutions ces dernières semaines. Cette prévision est, toutefois, susceptible d'être modifiée dans les semaines à venir, lorsqu'il y aura plus de clarté sur l'impact des troubles géopolitiques, est-il noté dans le document.