L'Opep+ se réunit aujourd'hui pour examiner le marché et décider des mesures à prendre pour le stabiliser. Tout semble indiquer qu'elle maintiendrait inchangée sa stratégie d'augmentation graduelle de 400 000 barils par jour chaque mois. Cette option est défendue par une majorité de pays membres de l'alliance dont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Les prix du pétrole seraient "plus volatiles, si l'Opep+ n'existait pas", a déclaré, mardi dernier, le ministre saoudien de l'Energie, Abdulaziz ben Salmane, en défendant l'alliance. Dans l'objectif de freiner l'envolée des cours du brut depuis le début du conflit ukrainien, les pays occidentaux appellent l'Opep à relever sa production, mais l'organisation refuse d'aller au-delà de l'augmentation décidée avec dix autres pays producteurs. "Si l'Opep+ n'existait pas, nous ne pourrions pas avoir de stabilité sur le marché de l'énergie (...) La volatilité des prix serait encore pire", a insisté le prince Abdulaziz ben Salmane lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, un forum sur la gouvernance mondiale. Le ministre saoudien a défendu la "culture" apolitique de l'Opep, qui compte 13 membres parmi lesquels l'Iran. "Lorsque l'on entre dans la salle de réunion ou dans le bâtiment de l'Opep, on laisse nos opinions politiques à la porte", a-t-il déclaré. Le prince a, par ailleurs, averti que les attaques répétées des rebelles yéménites contre les installations pétrolières du royaume, dont la dernière remonte à vendredi dernier, "remettaient en question notre capacité à répondre aux besoins énergétiques mondiaux". Pour sa part, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei, a appelé les pays occidentaux à lui faire "confiance", plutôt que de lui dire de "faire ceci ou cela". "Nous avons besoin qu'ils comprennent que ce que nous faisons est dans l'intérêt des consommateurs", a-t-il ajouté, en soulignant que le départ d'un pays membre de l'alliance, à savoir la Russie, deuxième exportateur mondial, "déstabiliserait" le marché. Suhail al-Mazrouei, dont le pays est un important producteur de l'Opep, a affirmé que les pays du Golfe étaient décidés à ne pas laisser "la politique" miner l'organisation. "À moins que quelqu'un ne soit prêt à fournir 10 millions de barils par jour, on ne peut pas remplacer les Russes", sur le marché, a-t-il poursuivi. Le ministre a, par ailleurs, plaidé pour des investissements à long terme dans le secteur et une approche plus "raisonnable" vis-à-vis de la transition énergétique. Côté prix, ceux-ci ont atteint, hier, 114 dollars le baril. "Le marché tente d'évaluer le sérieux des pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine", commente Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor, cité par des médias. Cette tendance à la hausse est appelée à s'accentuer, après l'annonce, hier, d'une importante chute des réserves commerciales de pétrole brut aux Etats-Unis qui ont fondu beaucoup plus que prévu durant la semaine achevée le 25 mars. Elles ont reculé de 3,4 millions de barils, soit bien davantage que les 2 millions attendus par les analystes, pour s'inscrire à 409,9 millions de barils, soit leur niveau le plus bas depuis octobre 2018. En deux semaines, les réserves commerciales ont perdu 5,9 millions de barils.