Le travail des collectifs de défense et les appels à la libération des détenus d'opinion ont fini par porter leurs fruits. Une vague de libérations de détenus d'opinion a été enregistrée, hier, à travers plusieurs wilayas du pays. C'est ce qu'a annoncé, dans l'après-midi d'hier, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook affirmant qu'une vingtaine de détenus d'opinion ont quitté la prison, dont certains ont été remis en liberté provisoire. C'est le cas du militant politique et directeur de la webradio indépendante Radio Sarbacane de Constantine, le journaliste Abdelkrim Zeghileche, libéré et qui a bénéficié de la liberté provisoire. Placé sous mandat de dépôt en janvier dernier, Abdelkrim Zeghileche a été condamné par le juge d'instruction près le tribunal d'El-Ziadia d'"appartenance à une organisation terroriste" et d'"apologie du terrorisme", alors qu'en 2020, il avait été condamné par le même tribunal à 2 ans de prison ferme pour "atteinte à l'unité nationale" et "outrage au chef de l'Etat". Lors de son arrestation, on lui avait même reproché d'avoir publié sur les réseaux sociaux un appel pour la création d'un parti politique. Toujours dans la capitale de l'Est (Cirta), le militant Lazhar Zouaïmia a été remis en liberté provisoire et a quitté la prison hier, selon la même source. De passage en Algérie pour une visite familiale, Lazhar Zouaïmia a été arrêté le 19 février dernier à l'aéroport de Constantine. Cet ingénieur a été placé en garde à vue avant d'être traduit devant le juge d'instruction qui a prononcé sa détention provisoire pour avoir fait "l'apologie du terrorisme à travers la technologie des médias et de la communication" et avoir "soutenu et appuyé un groupe terroriste". Ce militant avait participé à plusieurs rassemblements hebdomadaires tenus à Montréal depuis 2020 par la diaspora algérienne en soutien à la révolution du Sourire. Son épouse, Fatima Benzerara, professeure de mathématiques, choquée par cette arrestation, a saisi plusieurs autorités, dont le gouvernement canadien pour la libération de son mari. À Sétif, ce sont quatre détenus d'opinion qui ont quitté, hier, la prison. Il s'agit de Hicham Debache, Chouaib Merabet, Nacer Benaïssa et Abdelmalek Khouatra qui ont, par ailleurs, tous bénéficié de la liberté provisoire, indique le CNLD. En début de soirée, la CNLD a également annoncé la libération du militant Houssam Eddine Belghit qui, lui aussi, a été remis en liberté provisoire, alors qu'à Alger, le détenu d'opinion Hocine Boukezouha a bénéficié des mêmes mesures au niveau de la cour d'Alger. Idem à Bordj Bou-Arréridj où Chems Eddine Laâlami, dit Brahim, et Ahmed Chérif Ketfi, qui ont été remis en liberté provisoire par la cour, ont pu quitter à leur tour la prison. À Jijel et à Tlemcen, deux détenus d'opinion, en l'occurrence Ali Derrar et Bouziza Boumediene, ont quitté la prison après avoir purgé leur peine. En outre, les militants Ahmed Mellouk, Abdelhakim Bellabas, Fawzi Bachir, Mokhtar Mbarki, Mohammed Lazzaoui et Reda Zeroual, qui ont été remis en liberté provisoire par la cour de Tlemcen, ont quitté hier soir la prison. Certains détenus ont tenu à immortaliser cette délivrance en partageant des moments de liesse avec leurs enfants, leurs familles et leurs amis. Il faut dire que le travail des collectifs de la défense, instantanément constitués après l'arrestation de ces détenus d'opinion, a fini par payer et a pesé sur les décisions des tribunaux et des cours de justice qui ont fini par reconsidérer leurs sentences. Aussi, les appels se sont multipliés, depuis quelques mois, par les défenseurs des droits de l'Homme, à libérer les détenus pour délit d'opinion, dont des citoyens, des activistes, des journalistes et des chefs de parti politiques. À l'heure où nous mettons sous presse, certains détenus ont été libérés et d'autres mis en liberté provisoire.