Tizi Ouzou, à 24 heures des élections partielles. Les rues grouillent de monde avec l'habituel va-et-vient chaotique. Sur l'avenue Lamali-Ahmed, qui mène au CHU, il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin sur le trottoir défoncé, squatté par des trabendistes qui étalent leur marchandises à même le sol. Un véritable souk où tout se vend. Echaudées par le chaos de quatre années d'émeute, les autorités laissent faire. on craint que les jeunes, frustrés par leur sort et rongés par le chômage, n'y trouvent prétexte au soulèvement. L'incertitude plane toujours sur la région ; À genoux économiquement, la wilaya, qui accuse un grand retard en matière de développement, fait face à un autre phénomène : la montée de l'insécurité. Il ne se passe pas un jour où l'on ne signale des agressions en plein jour. La misère, les fléaux sociaux, la crainte grandissante d'un lendemain incertain, le tableau est sombre à tous les niveaux. C'est dans ce contexte démobilisant que la Kabylie se mobilise pour renouveler les assemblées locales dissoutes par le gouvernement. L'enjeu est capital pour les partis politiques en lice. Il est avant tout politique. Pour le FFS et le RCD, il s'agit de se repositionner sur l'échiquier local. Les autres formations, notamment le FLN et le RND, œuvreront pour une meilleure représentation du pouvoir central dans la région. La campagne s'est clôturée, lundi, après un déploiement renforcé sur le terrain. L'ex-parti unique a réussi à animer pas moins de 130 meeting et autres rencontres de proximité auxquels ont participé des ministres, des députés et d'anciens cadres. Le RND s'en est bien sorti lui aussi. Evaluant le travail accompli par son parti dans la wilaya de Tizi Ouzou, Abdesslam Bouchouareb, chef de cabinet d'Ahmed Ouyahia et membre du conseil national du RND, a indiqué, lundi dernier, que 49 meetings, 251 réunions de proximité et 12 conférences ont été tenus. Même mobilisation relevée au sein du RCD et au FFs durant cette période. pour le dernier jour de campagne, le parti de Hocine Aït Ahmed a choisi la grande salle Saïd-Tazrout de Tizi Ouzou. Etaient présents au rendez-vous électoral, le secrétaire national Ali Laskri, Karim Tabou et de nombreux candidats. “Ces élections permettront d'aller vers une réelle représentation politique et sociale dans la région”, a expliqué M. Laskri avant d'exhorter ses militants à participer massivement au vote pour barrer la route au pouvoir à travers les partis de l'alliance présidentielle. Si les citoyens se mobilisent massivement lors du scrutin d'aujourd'hui, cela veut dire que l'on aura, enfin, entamé le véritable dénouement d'une crise qui dure depuis l'indépendance, à savoir le problème de la représentation, a estimé de son côté le Dr Saïd Sadi lors du meeting qu'il a animé, lundi, au stade Oukil-Ramdane. L'élection du 24 novembre n'est pas un scrutin ordinaire, selon le président du RCD pour qui “le 8 Avril 2004 a confirmé qu'il n'y avait ni volonté ni possibilité de restituer l'Etat à la Nation. Ce blocage rend encore plus impératif la maîtrise du pouvoir local”. Moins représentés, les candidat indépendants, le PT et le MSP sont allés, eux également, à la rencontre des citoyens. Reste à savoir si la population, qui a tourné le dos à l'urne ces dernière années, sera au rendez-vous afin d'élire ses élus pour ce mini-mandat. A. T.