Profondément meurtrie par la violence terroriste, la région de Jijel a enregistré des milliers de civils assassinés par les groupes armés sans compter les nombreuses victimes dans les rangs des services de sécurité. Cette wilaya compte également près de 3 000 Patriotes ayant combattu le terrorisme aux côtés des forces de l'ANP et des brigades antiterroristes. La plupart d'entre eux ont été mis à la porte une fois la loi sur la concorde civile adoptée. En effet, dans une lettre adressée au président de la République, dont une copie est en notre possession, le groupe des GLD de la section Boutaleb de la commune de Chekfa, dans la wilaya de Jijel, réclament leur réintégration au corps et la restitution de leurs armes. Pour rappel, les munitions et les permis de port d'armes de ces derniers leur furent confisqués le 24 février 2005 par les services du sous-secteur de Djimar, selon les termes de leur missive. Après avoir rappelé qu'ils ont “porté les armes contre les sanguinaires en 1996 lorsque la région de Chekfa était à feu et à sang”, ils expliquent qu'ils ont “le sentiment d'avoir été oubliés, voire marginalisés après avoir perdu des êtres chers et livré des années durant une lutte sans merci aux terroristes afin de permettre à l'Algérie de rester debout”. Et de poursuivre : “Comme récompense, on a été jetés aux oubliettes sans statut ni respect pour les morts et les sacrifices consentis pour sauver notre pays. On est des pères de famille qui vivent dans le dénuement total, le chômage et la misère. Nous demandons une commission d'enquête des autorités concernées sur cette affaire sans aucun motif. On veut nous jeter en pâture aux terroristes.” Issus d'une localité enclavée de la montagne, les ex-GLD de Boutaleb se disent “exposés davantage à la menace terroriste qui se manifeste de plus en plus dans la région de Jijel”. Depuis les coups durs portés aux maquis terroristes, suivis de la mise en branle des dispositions de la concorde civile, le nombre de redditions a augmenté ; en parallèle, le démantèlement des forces de supplétifs engagées dans la lutte antiterroriste s'est poursuivi. Toutefois, les textes de prise en charge de ces derniers tardent à venir, ce qui est de nature à provoquer un malaise au sein de ceux qu'on qualifiait, hier encore, de “ridjal wakifoun”. Mourad Bouchama