Le gouvernement, par la voix du ministre de la Solidarité, s'est engagé à prendre en charge cette frange de la société, très fragilisée socialement. La problématique des mères célibataires a fait l'objet d'une question orale, jeudi, à l'assemblée populaire nationale (APN). Un tabou vient de tomber. Le député du MSP, auteur de la question, a demandé d'intégrer les mères célibataires dans la catégorie des veuves et de ne pas leur octroyer directement une “pension” mais de l'adresser plutôt aux centres d'accueil les prenant en charge pour, dit-il, “ne pas encourager ce fléau”. Visiblement très étonné par la proposition du député islamiste, le ministre de l'emploi et de la solidarité nationale, Djamal Ould Abbès, a tout d'abord voulu clarifier les choses : “ce n'est pas de cette façon que nous comptons régler le problème de cette catégorie sociale très sensible et fragile”, dit-il avant de trancher net : “il faut regarder ce problème en face et lui trouver des solutions adéquates.” Et pour cause ! “Ce sont des citoyennes en détresse, dont le nombre est en progression”. “Trois mille mères célibataires enregistrées officiellement chaque année”, précise-t-il. Leur âge est inférieur à 18 ans et leur niveau d'instruction “est médiocre”, note le ministre. Qui sont-elles ? D'où viennent-elles ? “Au tout début la majorité étaient des filles victimes du terrorisme”, relève-t-il tout en précisant qu'eu égard “à leur exode et déracinement pour fuir le terrorisme, ces filles sont devenues une catégorie fragile”. Soulignant la nécessité de leur assurer une prise en charge, Ould Abbès a expliqué qu'elles sont accueillies principalement dans les centres spécialisés et Diar Erahma. “Les enfants abandonnés dont l'âge est inférieur à six ans sont, quant à eux, pris en charge dans 19 pouponnières réparties à travers l'ensemble du territoire national”. Ould Abbès a précisé que ces centres reçoivent un budget du ministère de la solidarité nationale. Dans son commentaire, le député islamiste auteur de la question s'est dit non convaincu par la réponse du ministre puisque “la mère célibataire et celui qui a donné naissance à l'enfant ont commis un déshonneur d'où la nécessité de les marier”. Et au ministre de répliquer : “ces mères célibataires, qui sont des victimes de la société, sont également nos filles ! Il ne faut pas les juger et les marginaliser ! il faut être solidaire avec elles et les insérer socialement en leur donnant des formations professionnelles.” Il annoncera, à ce propos, l'initiative de son département “d'aider les mères célibataires qui acceptent de venir, voir allaiter et prendre en charge leurs enfants” arguant que “beaucoup de ces mères disent que nous n'avons pas les moyens d'aller voir nos enfants”. Ould Abbès, qui note que ces mères célibataires ne dénoncent jamais le nom de l'homme qui a contribué à donner naissance à leur enfant, relève que le juge peut recourir à l'identification scientifique par l'ADN de la filiation. La prise en charge des non-voyants a été également abordée et le ministre a rappelé qu' il y a eu la révision en 2001 de la pension consacrée à cette frange de population passant ainsi de 500 DA à 1 000 DA. “Nous faisons le nécessaire pour augmenter davantage cette pension et la rendre plus appropriée aux besoins réels des non-voyants”, a-t-il dit. Pour ce faire, le ministère a élaboré “une carte nationale du handicapé et un fichier central de cette catégorie sociale” en vue de prendre en charge l'ensemble des handicapés algériens dont les non-voyants, a-t-il encore indiqué non sans souligner la nécessité “d'identifier les vrais handicapés des faux handicapés”. Notant également que l'avenir de l'Entreprise nationale des handicapés figure parmi les priorités de son département dont Ould Abbès relèvera que son ministère “s'emploie, en collaboration avec d'autres administrations, et malgré la concurrence accrue, à écouler les produits confectionnés par les handicapés de l'entreprise”. “La prise en charge des handicapés exige le concours de tout un chacun”, a-t-il encore estimé. Le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, quant a lui, a annoncé la préparation d'un avant-projet de loi sur les forêts pour combler les insuffisances de la loi en vigueur car il “prévoit des sanctions sévères et de fortes amendes à l'encontre des auteurs de délits de dégradation des forêts”. NADIA MELLAL