Spécialité jadis délaissée, la radiologie diagnostic se trouve être aujourd'hui la discipline la plus prisée des candidats au résidanat (spécialisation). Seuls les médecins généralistes bien classés au concours d'entrée au résidanat, peuvent suivre une telle formation. Une fois le diplôme de radiologue en poche, aucun praticien n'est attiré par l'hôpital, préférant de loin les avantages du secteur privé. Cette situation est la même dans tous les pays du monde. D'ailleurs, lors du IVe Congrès maghrébin de radiologie qui s'est tenu les 9 et 10 février derniers, les professeurs en la spécialité ont tiré la sonnette d'alarme car selon eux : “Bientôt il n'y aura ni spécialistes ni formateurs dans le secteur public.” Discipline complexe est comportant plusieurs sous-spécialités, elle ouvre d'autres voies thérapeutiques, puisque les derniers équipements permettent au médecin d'intervenir pour réaliser des biopsies ou même pour traiter, comme c'est le cas pour les calcifications de l'épaule. “Aujourd'hui, la radiologie n'est plus ce qu'elle était, car grâce aux progrès en matière d'équipements, elle ouvre des voies nouvelles”, déclare le Pr Fergani, président de la Société algérienne de radiologie. Il ajoute : “Auparavant, pour réaliser une biopsie du poumon, il fallait ouvrir. Cela ne se faisait pas sans risque et ça coûte cher en matière d'hospitalisation et de prise en charge. Aujourd'hui, grâce à la radiologie interventionnelle, il suffit d'introduire une sonde et de réaliser la biopsie.” Il se plaint aussi du manque d'appareils dans les hôpitaux : “Dans le secteur public en Algérie, il n'existe que deux appareils d'IRM au CHU de Bab El-Oued”. Lors des travaux du IVe Congrès maghrébin, les participants ont abordé surtout les thèmes liés à la radiologie pédiatrique et à l'échodopler. La radiologie pédiatrique se pratique par certains médecins, mais il n'existe en Algérie, aucun centre de référence dédié à l'enfance. Cette situation est décriée par le Dr Sellah du CHU de Bab El-Oued car, selon lui, il faut encourager une telle spécialisation. “Je prends en charge des enfants, mais l'idéal c'est de développer cette spécialité”, déclare-t-il. Eu égard à l'importance de la radiologie, car “aucune prise en charge thérapeutique ne peut se faire avant un diagnostic précis”, c'est pour cela que les spécialistes algériens réclament des appareils pour les hôpitaux et des actions incitatives pour retenir les spécialistes dans le secteur public. “Je suis vraiment inquiet quant à l'avenir de la radiologie dans les hôpitaux. Tous les spécialistes fuient vers le secteur privé. Nous ne sommes que quelques spécialistes dans les établissements publics où nous prenons en charge les patients”, affirme le Pr Fergani. Enfin, ce IVe congrès a vu la participation de plusieurs spécialistes venus des pays du Maghreb et d'Europe. Le Ve congrès aura lieu l'année prochaine en Maurétanie. Saïd Ibrahim