Le patron du groupe privé indique, par ailleurs, que Cevital jouit d'une excellente santé financière. “Aujourd'hui, nous n'avons aucun découvert bancaire”, a souligné M. Issad Rebrab, P-DG du groupe Cevital, dans un entretien accordé, hier, au supplément hebdomadaire El Watan économie. Interrogé sur la provenance des fonds pour réaliser ces projets, M. Rebrab a déclaré : “On avait un capital de base qui nous provenait des autres sociétés du groupe qui était de 970 millions de DA, mais très rapidement nos activités ont connu un grand succès et nous avons connu une croissance annuelle supérieure à 50%.” Il a indiqué que “les investissements sont passés de 3,819 milliards de DA en 1999 à 20,233 milliards de DA en 2004”, tout en soulignant dans la foulée que “Cevital avait 1,571 milliard de DA de fonds propres en 1999 contre 20,054 milliards de DA en 2004”. Le patron de Cevital a affirmé que “son entreprise a multiplié son chiffre d'affaires pour la même période par 11 pour atteindre 38, 207 milliards de DA en 2004”. La société Cevital a contribué, ajoute M. Rebrab, au budget de l'Etat sous forme d'impôts et taxes à hauteur de 6, 991 milliards de DA en 2004, contre 468 millions de DA en 1999. Il a précisé que plus de 50% du financement des deux premières lignes de raffinage d'huile étaient des fonds propres. Cevital a eu un crédit acheteur avec une garantie d'une banque algérienne, c'est-à-dire des financements étrangers, la banque ABC, avec une garantie de la Badr. “Nous avons remboursé la totalité des crédits”, a-t-il ajouté. Concernant la margarinerie, il a expliqué que “Cevital a eu un crédit acheteur d'ABC avec une partie de la Badr et une garantie d'Al-Baraka Bank”. Pour M. Rebrab, “les investissements de Cevital après amortissement sont couverts à 150% par ses fonds propres”. C'est très rare de trouver une telle bonne santé financière d'une entreprise, même de par le monde, a-t-il ajouté. Le groupe Cevital compte lancer, a-t-il rappelé, 15 projets industriels dont 5 projets simultanément. Il s'agit pour ces derniers de la raffinerie de sucre de 1 million de tonnes, deux centrales électriques en cogénération, le préfabriqué béton, les eaux minérales Lalla Khedidja et l'usine de verre plat. Ces projets en cours de réalisation totalisent 18 milliards de DA [d'investissements, NDLR], a-t-il relevé. C'est presque l'équivalent des investissements de l'entreprise durant les 5 premières années. Il a annoncé, également, que “Cevital a acquis des équipements pour l'usine Lalla Khedidja avec un financement étranger de 30 millions d'euros en risque corporate et sans aucune garantie de banque algérienne”. Le projet du verre plat a été financé, relève M. Rebrab, à 75% des fonds propres de l'entreprise et probablement même les 25% restants seront puisés des fonds propres du groupe. “Ce qui donne plus de crédibilité à Cevital, ce sont d'abord ses résultats, sa croissance, ses fonds propres et nos comptes qui sont certifiés par un cabinet d'audit international KPMG”, souligne-t-il. Les effectifs de Cevital passeront, indique M. Rebrab, de 3 600 en 2006 à 4 500 en 2007. La grande distribution créerait à elle seule quelque 40 000 emplois. [Il s'agit d'emplois liés au projet de réalisation de 135 grandes surfaces à travers le pays, NDLR] En évoquant le blocage de ces projets, il a estimé que “le président de la République ne serait pas d'accord à ce qu'on bloque un opérateur parce que l'intérêt d'un président de la République, c'est le développement de son pays”. Et d'ajouter que “les projets de Cevital vont dans le sens de la politique du président de la République”. Plus explicite, il pense qu'“il y a deux disques dans certaines têtes de hauts cadres de l'administration ; il y a un disque de l'économie socialiste et un autre de l'économie libérale”. Ces cadres ne sont pas sortis des réflexes de l'économie dirigée, et c'est pour cela qu'ils freinent tout ce qui est privé, analyse-t-il. Ces réflexes existent même “dans certaines hautes sphères de décision”, relève-t-il. Le premier responsable de Cevital est convaincu qu'“il y a un dysfonctionnement certain au niveau des banques et une psychose au niveau des employés dont une partie vient du fait du management de ces banques, mais une grande partie vient des injonctions”. Il a soutenu que “les scandales sont le résultat de ces injonctions même s'il y a eu quelques malversations dues aux employés et à des opérateurs indélicats”. M. Rebrab propose “l'octroi d'une autonomie aux banques, c'est-à-dire laisser les managers de banques les gérer comme toutes les banques privées internationales. Et les contrôler est tout à fait normal”. Quant à l'accord d'association signé avec l'Union européenne, il a rappelé que “l'Algérie a accordé un contingent de 150 000 tonnes à 0% de taux de douanes sans aucune contrepartie. Ce qui voudrait dire que nous n'avons pas le droit d'exporter chez eux parce qu'ils ont mis une barrière tarifaire de 400 euros la tonne pour protéger leurs industriels”. En plus, le sucre exporté par l'Union européenne est subventionné à 70%, note-t-il. Les Européens font, estime M. Rebrab, [à travers des dispositions de l'accord, NDLR] du dumping et de la concurrence déloyale. Synthèse F. M.