Les dernières déclarations du ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos, ont fait réagir les autorités de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD). Selon l'information rapportée jeudi dernier par l'agence officielle sahraouie SPS, celles-ci ont “vivement regretté” l'attitude du ministre espagnol pour avoir prétendu que “la création de la RASD est contraire au principe de l'autodétermination”. “La RASD et sa proclamation répondent aussi bien au droit de libre autodétermination consacré par l'ONU et l'OUA comme à la volonté du peuple sahraoui, quand il fut abandonné pieds et poings liés (par l'Espagne) pour être exterminé”, a affirmé le ministre de l'Information, Sid-Ahmed Batal, cité par SPS. Ce dernier a d'ailleurs rappelé que la RASD, Etat membre de l'Union africaine, est l'expression de la volonté du peuple sahraoui et restera une “composante irréversible du Maghreb”. Au ministre sahraoui de rappeler aussi que “l'occupation d'une grande partie de notre territoire par le Maroc (…) est en contradiction avec le principe de l'autodétermination des peuples”, non sans avertir que “la résolution 2625 de l'AG de l'ONU l'assimile à un crime international”. Ce n'est pas la première fois que l'ancien ambassadeur de Madrid à Rabat fait parler de lui, entretenant par-ci des propos contradictoires et semant par-là la confusion. C'est pourtant le même ministre espagnol qui déclarait, il y a moins d'un mois, devant la commission des Affaires étrangères et de la coopération du Sénat, que l'Espagne est “activement engagée” dans la recherche d'une solution prévoyant “l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental”. C'est également le même Moratinos qui a rappelé que cette solution sera “en accord avec les principes de la légalité internationale et les engagements pris par les Nations unies tout au long de leur histoire”. Comment interpréter les propos tenus aujourd'hui par M. Moratinos sur la soi-disant incompatibilité entre “la création de la RASD” et “le principe de l'autodétermination”, alors que M. Zapatero vient d'assurer l'ONU que l'Espagne, ancienne puissance coloniale, demeurait disponible pour le règlement de la question sahraouie ? S'agit-il de la politique du “chaud et du froid”, initiée notamment par la nouvelle équipe gouvernementale que l'on dit proche des milieux français et marocains ? S'agit-il d'une réaction aux déclarations récentes de Kofi Annan en faveur d'une solution conforme aux “résolutions et des accords des Nations unies” ? S'agit-il tout simplement d'une réponse au président de la Commission africaine, M. Alpha Omar Konaré, qui a signifié clairement que la RASD est “membre à part entière de l'Union africaine” ? En attendant le prochain rapport de M. Kofi Annan, rappelons que la proclamation de la République sahraouie, le 27 février 1976, s'imposait pour combler un vide juridique laissé par le départ “précipité” de l'ancien colonisateur espagnol. Ainsi, l'Espagne demeure, au regard du droit international, la puissance administrante du Sahara Occidental, tant que le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui n'a pas eu lieu. L'avis (S/2002/161) de Hans Corell, secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires juridiques sur le Sahara occidental, remis en janvier 2002 au Conseil de sécurité est toujours là pour le prouver. Hafida Ameyar