Le projet de “renforcement des capacités des structures d'appui et d'assistance à la mise à niveau des PME dans l'industrie de l'agroalimentaire”, exécuté par l'Onudi et qui prévoit la mise en place de la démarche HACCP dans un premier temps, puis la mise en place d'un système de “traçabilité”, n'a permis de retenir que 12 entreprises à l'échelle nationale pour son application. C'est ce qui a été révélé par M. Medjek, coordinateur du projet au niveau du ministère de l'Industrie, lors d'un séminaire tenu à Oran, hier, sur le thème “La sécurité alimentaire” et organisé par l'Onudi. La sélection de ces entreprises, dont une seule est implantée à l'ouest du pays, s'est faite suite à un appel à intérêt qui n'aura pas mobilisé les PME de l'industrie agroalimentaire puisque seules 16 candidatures avaient été transmises au ministère de l'Industrie. Le projet, financé par l'Italie pour un montant de 10 050 800 dollars, a démarré en 2004 et devrait être achevé à la fin de l'année 2006. Par ce projet, les entreprises ont bénéficié d'appui pour la mise à niveau, de diagnostic pour “la mise en place de bonnes pratiques d'hygiène, l'adoption de la démarche HACCP, c'est-à-dire comment identifier, localiser, évaluer et maîtriser les risques potentiels de détérioration de la salubrité des denrées de la chaîne alimentaire”. Pour leur part, les pouvoirs publics sont également intervenus dans ce projet par la création d'un centre technique de l'agroalimentaire dont le décret exécutif n'a pas encore vu le jour. M. Parlatore, le représentant de l'Onudi en Algérie, a expliqué qu'il s'agissait de permettre aux entreprises algériennes de l'agroalimentaire de “trouver une bonne pratique de gestion, d'évoluer vers la qualité, mais surtout d'éviter les risques alimentaires qui représentent un risque majeur pour la santé des consommateurs mais également pour la pérennité de l'entreprise”. Et de rappeler qu'il peut y avoir mort d'homme pour cause d'intoxications. Des cas ayant eu lieu, en effet, dans l'ouest du pays, il y a quelques années. Et c'est cela en fait la démarche HACCP explicitée aux participants du séminaire ou comment éviter les risques, les dangers potentiels pour les consommateurs. Sans l'adoption de cette démarche HACCP et du système de traçabilité exigé par l'UE depuis 2005 pour exporter, il n'y aura pas de survie pour bon nombre de PME de l'agroalimentaire dans notre pays. Le retard enregistré par l'Algérie est déjà considérable rien qu'au Maghreb. À titre d'exemple, la démarche HACCP et le système de traçabilité ont été instaurés au Maroc de 1996 à 2000 par le biais d'un projet ayant ciblé une vingtaine d'entreprises du secteur de la pêche et très prochainement un autre projet pour la filière transformation. Les PME de l'industrie de l'agroalimentaire vont devoir d'ici la fin de l'année se préparer à adopter une nouvelle norme ISO 22000. Celle-ci a été créée en 2005 et englobe en fait la démarche HACCP, la traçabilité, l'ISO 9000, sans lesquelles aucune exportation ne sera possible. Les chefs d'entreprise du secteur de l'agroalimentaire doivent tout d'abord développer cette culture de la production, comme le soulignera l'ensemble de nos interlocuteurs, et avoir une démarche volontaire pour y accéder avant que la loi du marché et de la concurrence ne le fasse pour eux. F. Boumediene