Le foncier à Annaba n'en finit pas de dévoiler ses dessous depuis plusieurs années et, malgré cela, il semble que rien n'a changé. La dernière “histoire” en date est un terrain se situant au niveau du boulevard Ben-Boulaïd, exactement à côté du bâtiment B1, au niveau de la cité Patrice-Lumumba. Il s'agit d'une aire de jeux qui a été attribuée à un particulier depuis plusieurs années pour la construction d'une bâtisse à quatre étages. Selon les habitants du bâtiment, le terrain “n'a jamais été un lotissement de terrain et aucune bâtisse ne peut y être construite”. La preuve pour eux est la réponse de la direction de l'urbanisme et de la construction, datée du 26 décembre 2003 et dont nous possédons une copie, dans laquelle il est mentionné qu'aucune bâtisse ne peut y être construite. Depuis le 14 décembre 2003, les 144 locataires du bâtiment B1 ont envoyé plusieurs correspondances à la wilaya dans l'intention d'interdire les travaux sur l'aire de jeux. À cause de cette affaire, un comité de quartier a été créé pour représenter les habitants et défendre leur cause pour laquelle ils affirment qu'ils sont prêts à aller “très loin”. Après presque trois ans, la seule réponse qu'ils ont eue de la part des deux walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya est une lettre datant du 23 mars 2005 et signée par le secrétaire général de la wilaya, dans laquelle il est affirmé que le particulier avait le droit de construire sur le terrain en litige. Selon Malek Djedid, membre du comité de quartier, “on n'a rien reçu ni avant ni après cette lettre et, par hasard, elle a été envoyée au moment où l'ex-wali était hospitalisé à cause de son accident. Pour nous, ce n'est pas normal”. Avant de continuer : “Ils nous ont enlevé un terrain dans lequel nos enfants y jouaient depuis des années. Un lieu où nos vieux avaient l'habitude de s'asseoir sous les arbres centenaires, qu'ils ont coupés sans hésitation, ce qui est déjà un crime. Il y a eu même des travaux du transfert des conduites d'égouts, effectués aux frais de l'état pour ce propriétaire. En plus, il se permet de prendre une autre partie du terrain, il y a une dizaine de jours, pour soi-disant y mettre son matériel. En tout cas, on ne va pas se laisser faire.” Ajoutons qu'une demande d'audience a été déposée par le comité de quartier au niveau de la wilaya, depuis le 8 avril, et aucune réponse ne lui a été donnée jusqu'à maintenant. De son côté, le propriétaire, en l'occurrence Friga Hamza, se dit dans son droit le plus absolu : “Je suis en règle sur tous les plans. J'ai l'acte de propriété depuis 1994 et j'ai mon permis de construction. Le comité n'a rien de son côté. Il n'y a aucune preuve que c'était un espace vert. Pour les conduites, c'est l'agence foncière qui a fait les travaux et pas moi. De mon côté, je n'ai rien à craindre puisque j'ai tous les papiers nécessaires.” Pour en savoir plus, nous avons pris attache avec l'APC pour y rencontrer le wali, mais malgré nos multiples tentatives, nous n'avons pas été reçus. Même écho au niveau de la wilaya, où nous nous sommes déplacés pas moins de quatre fois pour y rencontrer le wali ou son chef de cabinet. Cette affaire, qui n'est ni la première ni la dernière à Annaba, démontre, encore une fois, que le problème du foncier reste entier. Il faut rappeler que l'ex-wali avait lancé une campagne de lutte contre les constructions illicites, mais pas plus loin que ça. Il y a urgence de régler toutes ces affaires de foncier dans la wilaya, il y va de l'intérêt de tout le monde. Salim Koudil