Elle obéit, selon lui, à un jeu politique. Le président du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) a longuement fustigé la Centrale syndicale, hier, en l'accusant d'avoir décrété une grève générale d'essence purement politique. Dans une conférence de presse tenue au siège de son organisation, Rachid Malaoui a évoqué “un jeu politique” dans lequel l'UGTA est utilisée comme un pion. Selon lui, les pouvoirs publics sont les véritables initiateurs de la grève. Ils ont fait appel à la Centrale syndicale afin de canaliser le ras-le-bol des travailleurs et le contenir en assurant plus tard grâce à des rounds de négociations interminables la paix sociale. Si cette action de protestation est ainsi biaisée, pourquoi alors l'avoir cautionnée en initiant une autre simultanément ? “Nous avons déposé notre préavis de grève il y a trois mois”, a répondu Malaoui. Si le président du Snapap a maintenu son appel au débrayage, c'est parce qu'il dit avoir voulu réhabiliter le mouvement global dans un objectif uniquement syndical. “Nous ne sommes pas contre l'UGTA mais contre sa politique monolithique et ses cadres corrompus. On ne peut pas demander à des rentiers qui habitent Club-des-Pins, qui ont des gardes du corps et auxquels on donne de l'argent, de faire du syndicalisme”, s'est écrié l'orateur. Aussi, à propos du nombre de travailleurs – 5 millions — qui auraient selon le patron de la Centrale syndicale répondu à son mot d'ordre de grève, Malaoui s'est montré très suspicieux. “Officiellement, l'UGTA affirme détenir 1 500 000 adhérents”. D'après lui, un grand nombre de grévistes sont affiliés au Snapap. Chiffres à l'appui, il a mis en exergue le concours précieux de son organisation à la réussite du débrayage : 77% de suivi dans les APC, 80% dans la santé, 55% dans l'enseignement supérieur… Si la grève a réussi dans ces secteurs, c'est d'abord grâce au Snapap, s'est félicité Malaoui. Quel écho aurait-elle eu si le Snapap en était justement l'unique initiateur ? A cette question, personne n'est en mesure de répondre. Officiellement, pour se démarquer de la Centrale syndicale, le syndicat autonome a prolongé la grève générale d'une journée. Or, il se trouve que c'est un jeudi, le début du week-end où la plupart des personnels des administrations publiques qu'il défend ne travaillent pas ! S. L.