Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a averti vendredi dernier les dirigeants de Chypre, grec et turc, qu'il cesserait ses efforts de paix s'ils persistaient à refuser son plan et leur a donné rendez-vous le 10 mars à La Haye. Mais la réponse du dirigeant chypriote-turc, Rauf Denktash, ne s'est pas fait trop attendre. Aussitôt après le départ de M. Annan de Chypre, il a réclamé un nouveau plan, estimant que celui présenté par le secrétaire général de l'ONU était trop favorable aux Chypriotes grecs. “Ce que nous voulons (…) ce sont les grandes lignes d'une formule dans le cadre de nouveaux paramètres”, a affirmé M. Denktash à la télévision CNN-Turk. Interrogé s'il estimait qu'il fallait abandonner le plan Annan, il a répondu : “Je pense que oui.” “Si l'une des deux parties dit non”, au plan de paix, “nous serons arrivés sans aucun doute au bout du chemin”, a déclaré auparavant M. Annan, avant de quitter Chypre à l'issue d'une mission de trois jours, lors de laquelle il a échoué à obtenir l'accord à son plan de réunification de l'île divisée. “Nous avons fait beaucoup d'efforts pour tenter de réunifier l'île et je ne suis pas sûr que cette occasion se représentera de sitôt, si jamais elle se représente à nouveau”, a-t-il ajouté devant la presse à Larnaca (Est). M. Annan a plus tôt indiqué à Nicosie que le nouveau président chypriote grec Tassos Papadopoulos et M. Denktash avaient accepté de se rendre le 10 mars à La Haye pour le rencontrer et donner leur réponse à son plan. M. Papadopoulos, officiellement investi vendredi dernier président de Chypre, a appelé à une “solution rapide” à la division du pays. Plus tôt, interrogé par les journalistes si son déplacement à La Haye signifiait qu'un référendum serait organisé sans accord, il a répondu : “Ce n'est rien d'autre qu'une acceptation de rencontrer le secrétaire général” de l'ONU. La date-butoir pour une réponse au plan de l'ONU avait été initialement fixée à vendredi dernier, afin de permettre l'organisation de référendums populaires sur la réunification et la signature de l'adhésion d'une île réunifiée à l'Union européenne le 16 avril, avant son entrée en mai 2004. Le plan Annan, amendé deux fois depuis novembre, prévoit que la partie turque du nouvel Etat fédéral, constitué suivant le modèle suisse, contrôlerait 28,2% de l'île contre 36,2 % actuellement. 92 000 Chyptriotes grecs seraient autorités à revenir dans leurs anciennes propriétés, sur un total de 200 000 déplacés. Il faudrait également reloger quelque 40 000 Chypriotes turcs. L'armée turque a occupé en 1974 le tiers nord de Chypre en réaction à un coup d'Etat d'ultranationalistes chypriotes grecs soutenus par la junte au pouvoir à Athènes et qui voulaient rattacher l'île à la Grèce.