La présence économique et commerciale française en Algérie est en “nette progression” ces dernières années soutient le président de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (CFCIA), M. Michel de Caffarelli. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont évolué de 60%, entre 1999 et 2002. M. De Caffarelli, qui animait, hier, une conférence au centre de presse d'El Moudjahid sur l'état des relations économiques et commerciales algéro-françaises, affirme que 180 entreprises françaises, dont 80% des petites et moyennes entreprises sont installées en Algérie. C'est peut-être très peu, souligne le président de la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie, mais le résultat est là : les entreprises françaises renouent avec l'Algérie. C'est surtout dans l'industrie pharmaceutique qu'elles ont investi, avec la présence du groupe Sanofi-Synthelabo et Aventis qui, avec Saïdal, a créé une société mixte, Aventis Pharma Algérie. De Caffarelli a évoqué aussi le secteur de l'agroalimentaire. Il cite dans ce cadre la présence de Danone qui s'est associé à l'algérien Djurdjura avec un investissement de 28 millions de d'euros, Yoplait, qui a sollicité la Générale laitière industrie du groupe Yahyaoui et Bel, spécialisée dans la fromagerie, qui a créé Bel- Algérie, une entreprise de droit algérien devant sous-traiter la production du fromage La vache qui rit. Dans le secteur des détergents, la filiale française Henkel prévoit, pour sa part, d'investir 18 millions d'euros dans une participation au capital de l'Enad (Entreprise nationale des ammoniaques et des détergents). Castel, après avoir racheté l'usine Coca-Cola de Skikda, procède à la réalisation d'une usine de boissons gazeuses dans la zone industrielle d'Oran. Il y a aussi l'entreprise Schneider présente dans le secteur électrique et Thomson Multimédia, en électronique, qui a signé un accord de coopération avec Bya Electronic. Dans le secteur bancaire, il y a Société générale, Natexis Banques populaires et BNP Paribas qui se sont implantées en Algérie comme des établissements de plein exercice. Le Crédit industriel et commercial (CIC) et le Crédit agricole Indosuez ont créé récemment des bureaux de représentation. Le RSM Salustro Reydel (cabinet d'audit et de conseil), la filiale du cabinet KPMG et le cabinet BDO Gendrot sont également présents en Algérie. Dans l'automobile, les entreprises françaises Renault, Peugeot et Citroën accaparent 70% du marché algérien de voitures neuves soutient De Caffarelli. Le secteur des hydrocarbures n'est pas en reste, même si la présence dans ce domaine des sociétés française ne peut pas concurrencer la présence de firmes américaines. On peut citer Gaz de France (GDF) intervenant sur le champ gazier d'Ahnet, situé au Sud-Ouest. Un contrat estimé à deux milliards de dollars. Mais pour beaucoup d'observateurs, l'investissement français reste bien en deçà des opportunités offertes par l'Algérie, notamment dans le tourisme, l'habitat, l'industrie mécanique et la pêche, ainsi que dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Pour De Caffarelli, “ce n'est pas toujours facile d'investir en Algérie”. Des propos confirmés par les interventions des opérateurs économiques présents, tels que Naït Abdelaziz, président de la CNPA. De Caffarelli cite comme exemple les difficultés pour obtenir un registre du commerce qui, parfois, peut durer un mois, les difficultés d'accès aux crédits bancaires pour les petites et moyennes entreprises, la problématique de transferts des bénéfices et puis l'article relatif à la loi de finances 2003 sur les sociétés d'importation, qui suscite des interrogations chez les entreprises étrangères. Malgré tous ces problèmes, selon De Caffarelli, la France, entre 1998 et 2000, est le troisième investisseur en Algérie derrière les Etats-Unis et l'Egypte, avec 344 millions de dollars. Evoquant les échanges commerciaux entre les deux pays, le président de la CFCIA affirme que “la France est le premier fournisseur du marché algérien, avec plus de 24% de parts de marché avant l'Italie, les Etats-Unis et l'Allemagne, et son deuxième client”. Hors hydrocarbures, la France est le premier client de l'Algérie avec 184 millions de dollars d'exportation réalisés en 2002, soit 37% de ses recettes d'exportation hors hydrocarbures. L'Algérie est le 2e partenaire commercial de la France, hors OCDE, derrière la Pologne. Au plan des relations financières, l'Algérie est éligible depuis l'année 2000 à la réserve des pays émergents. Cette réserve autorise des financements concessionnels dans le cadre de projets de développements. C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'en octobre 2001, un accord intergouvernemental Algérie-France a été signé (9,87 millions d'euros) pour la réalisation d'une usine de déminéralisation des eaux de la source de Bredeah (située à 20 km à l'ouest d'Oran). Par ailleurs, en décembre dernier, Abdelaziz Belkhadem et son homologue français, Dominique de Villepin, ont signé un accord de reconversion de la dette privée pour un montant de 61 millions d'euros. M. R.