Selon les professionnels constantinois, la tension de cette saison était prévisible. La raison est le manque et, par ricochet, la hausse des prix qui sont dus à une pénurie du produit. De nombreux agriculteurs ont refusé d'investir dans cette culture à la suite des pertes enregistrées l'an dernier en raison d'un surplus de production. La hausse du prix de la pomme de terre continue de faire des mécontents. Après les consommateurs, ce sont les producteurs de Constantine qui sont sortis de leur silence à l'occasion de la tenue de la Foire locale de l'agriculture. Ils dénoncent l'absence de toute organisation et planification dans ce secteur à même de les protéger en cas de surplus ou de pénurie de la production. Pour les producteurs constantinois de la pomme de terre, la crise qui secoue le marché national depuis le mois de Ramadhan dernier est due essentiellement à la pénurie du produit en question. La majorité des agriculteurs ont refusé, cette année, de réinvestir dans la pomme de terre après les pertes qu'ils ont subies durant la saison dernière où le prix de gros de la pomme de terre avait atteint 5 DA le kilo. Le coût de revient d'un quintal de pomme de terre est estimé à plus de 30 millions de centimes. Une bonne analyse des données de la saison écoulée aurait permis aux responsables du dispositif national de la régulation agricole de prendre les dispositions nécessaires et sauver le marché d'une tension attendue. Ainsi, pour les professionnels de Constantine, 2 facteurs majeurs sont à l'origine de la pénurie. En premier lieu, les résultats de l'année passée. La superficie destinée à la culture de la pomme de terre à Constantine est estimée à 3 000 ha. Elle s'est rétrécit cette année à 100 ha. Les fellahs ne reconduisent jamais, 2 années successives, la même culture non rentable. Un réflexe ancestral que seul un dispositif de subvention approprié peut corriger. En second lieu, il y a les nouvelles mesures liées à l'irrigation. Cette année, on a assisté à un manque d'eau d'irrigation suite à la décision portant interdiction de l'irrigation des oueds. Les quantités d'eaux existantes demeurent en deçà des besoins de production de cet aliment de large consommation. Selon les estimations, 1 ha nécessite 6 000 m3. Du coup, les commerçants spéculateurs n'ont fait que profiter des carences des responsables du secteur. Accusé le petit vendeur à la crié de Constantine d'être responsable de la flambée des prix c'est oublier que la direction de l'agriculture n'a pas tiré les conclusions des statistiques de l'année précédente ni anticipé sur les répercussions de la normalisation de l'irrigation. Le président de l'Union des agriculteurs de Constantine reconnaît, lui aussi, l'existence de ces carences qu'il impute au manque de coordination entre le ministère du Commerce et celui de la tutelle en matière de régulation du marché. Une situation qui confirme l'absence d'une politique efficace qui devrait faire avancer le secteur, en général, et la filière, en particulier. La direction de la régulation agricole, qui se trouve au niveau du ministère de l'Agriculture, a de nouveaux défis. Si le temps des prix administrés est révolu, l'heure est à la magie de la main invisible du marché. Une main qui suit, souvent et à la lettre, les injonctions du centre régulateur. MADANI R.