Champion des pauvres, de la paix et de la réconciliation, toujours marxiste mais non moins antiaméricain, Daniel Ortega a retrouvé la présidence du Nicaragua, 16 ans après la fin de son régime sandiniste, sous l'œil inquiet des Etats-Unis. Avec ce pays, c'est pratiquement toute l'Amérique du Sud qui tourne le dos à son voisin américain. La tâche ne sera pas facile pour Ortega. Son pays est classé deuxième dans la pauvreté de l'hémisphère Ouest mais il pourrait cependant jouer sur deux tableaux : sur la remontée de la gauche dans la région que tente de fédérer le plus antiaméricain des Latinos : le Vénézuélien Hugo Chavez, et les Etats-Unis qui veulent conserver des liens étroits avec le pays et protéger les investissements étrangers. Ortega aura à réfléchir à deux fois avant de troquer la Cafta (accord de libre échange entre les Etats-Unis et l'Amérique centrale) contre le Mercosur (marché commun du cône sud), devenu sous l'impulsion des antiaméricains la troisième zone de libre-échange au monde après l'Union européenne et l'Alena. Avec un faible taux de délinquance et un travail à bas prix, le Nicaragua tire des bénéfices de l'accord avec les Etats-Unis, notamment dans l'industrie textile florissante exportatrice vers les Etats-Unis. Ortega jure avoir tiré des leçons de son expérience de 1980 lorsqu'il avait nationalisé l'économie, la plongeant dans le chaos. Ortega, qui a combattu les contre-révolutionnaires soutenus par les Etats-Unis (eux-mêmes condamnés en 1985 par la Cour internationale de justice pour leur agression contre le Nicaragua), a calmé les esprits durant sa campagne en assurant qu'il maintiendra les liens avec Washington et encouragera le libre-échange avec les Etats-Unis. Ortega devait être élu au premier tour. D. B.