La stratégie nationale de lutte contre les violences à l'égard des femmes, qui a été examinée jeudi dernier par les membres de la Commission nationale de lutte contre la violence, sera soumise incessamment au gouvernement et rendue publique au cours du mois de décembre prochain. Elaborée grâce à la conjugaison des efforts des institutions de l'Etat, la société civile, et financée en partie par les agences des Nations unies concernées par la question, cette stratégie entrera dans sa phase opérationnelle en 2007. Près d'une vingtaine d'associations ont été impliquées dans ce travail auquel ont été associés également des députés, des chercheurs, des experts, des universitaires, des éléments de la gendarmerie et de la police. Le document repose sur trois axes principaux : il s'agit, en premier lieu, d'assurer la protection et la sécurité de la femme par une prise en charge appropriée et une gestion clinique pointue de la violence exercée et lui garantir une assistance juridique. En second lieu, organiser la solidarité à travers la réinsertion sociale et économique de la femme battue et veiller à la protection de l'enfant, et enfin mettre en œuvre des mesures, procédures et réformes sur le plan juridique et constitutionnel. La concrétisation de toutes ces mesures dépendra bien entendu, soutiennent les membres de la Commission nationale de lutte contre la violence, de l'efficacité des coalitions et des alliances qui seront créées pour “conduire un plaidoyer pour le changement”. La nouveauté de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes initiée par le ministère délégué de la Famille et de la Condition féminine est qu'elle prend en compte pour la première, le caractère multidimensionnel de la violence en insistant sur l'aspect physique, juridique, social, comportemental et sexuel dans les divers espaces de vie et donc au sein de la famille, en milieu scolaire, au sein des autres institutions sociales ou dans l'espace public. En d'autres termes, les mesures préconisées concernent tous les cycles de vie de la femme. Le département de Nouara Djaffar prépare également un bilan exhaustif sur les femmes battues, puisé de l'enquête en cours sur le phénomène et une étude sur l'insertion socioéconomique de la femme. Reste à savoir jusqu'à quel degré cette volonté d'endiguer un problème qui ronge la société sera concrétisée sur le terrain, sachant qu'en plus des mentalités rétrogrades, se profile déjà le problème financier. Les trois agences des Nations unies associées à cette démarche, qui sont l'Unicef, le Fnuap et l'Unifem avancent déjà ne pas avoir de moyens suffisants pour financer entièrement cet ambitieux projet. N. H.