RESUME : Daya travaille en ville dans un centre culturel où elle apprend à des jeunes la couture et la broderie. Elle a de la peine. Kamel n'a pas cherché à la revoir. Il la surprend en envoyant son oncle Omar la demander en mariage. -Mais qu'est-ce qui lui arrive ? Mohand a posé la question, à sa femme. Celle-ci gênée, hausse les épaules. Elle sort à son tour. - Mon cousin, son comportement ne doit pas te surprendre, dit-il à Omar. Toi même, tu as des filles. Je payerai cher, pour savoir ce qu'elle a derrière la tête ! - Hélas, même avec tout l'or du monde, elle restera un mystère, réplique Omar. Parfois, c'est mieux ainsi ! - En tout cas, on repartira avec une réponse pour son prétendant, affirme Halima. Si elle est intéressée, on le saura vite ! Aïcha, qui a rejoint sa fille, l'interroge sur son fou-rire. Daya ne s'est pas calmée et ces larmes l'intriguent. - Parle ! Qu'est-ce qui t'arrive ? - Je n'ai pas le droit de rire et de pleurer ? réplique la jeune fille. - Si, mais dis-moi, il s'agit de ton ami ? Sa demande t'a surprise ? - Je commençais à croire que je ne comptais plus pour lui, répond Daya. Mais il vient de prouver le contraire. Dis à vava que je suis d'accord ! Qu'il vienne quand il veut ! - Bien, répond Aïcha. Je vais leur apprendre ta réponse. D'où elle se tient, Daya peut les entendre se féliciter et convenir d'une date où Kamel viendra faire sa demande. Elle sait que cela ne se fera pas. Kamel ne pourra pas se présenter seul et quant à venir accompagné de sa famille, ce ne sera pas pour demain la veille. Elle se demande comment il fera. Le lendemain, avant qu'ils ne repartent, Elle remet le numéro du centre culturel à Halima. - Comme ça, il pourra me tenir informer de ses démarches, lui dit-elle. Embrassez toute la famille, pour moi ! J'ai hâte de vous revoir ! - Je n'en doute pas une seule seconde, réplique Halima en riant, heureuse pour elle. Je te souhaite tout le bonheur du monde ! Daya, pour la première fois depuis des semaines, se sent revivre. Elle et Kamel allaient bientôt se retrouver. Ce n'est qu'une question de temps. Sa demande l'a surprise mais s'il a décidé d'agir maintenant, c'est qu'il doit avoir ses raisons. Elle reprend le chemin du centre culturel et elle met beaucoup de cœur dans son travail. Elle est si heureuse qu'elle passe son temps à sourire. Pour ne pas rater l'appel de Kamel, elle se rend tous les jours au centre. Il prendra contact avec elle, une semaine plus tard. Daya a l'impression de rêver. Ils sont bien en train de se parler. - Tu n'as pas dit à mon oncle que nos familles se vouent de la haine depuis des années ? - J'aurais pu le lui dire mais tes parents auraient refusé, répond-il. Je suis venu au village pour parler à ma famille mais ils ne sont pas d'accords pour que je me marie maintenant. Je ne leur ai rien dit sur toi. - Comment allons-nous faire alors ? Il faudra bien que tu me demandes officiellement en mariage ! Que diras-tu à mes parents ? Tu ne peux pas leur dire que tu n'as pas de famille ! - C'est tout comme, répond-il. Je leur dirai que je n'en ai pas. On se mariera en ville et on vivra loin d'eux ! - Tu crois que cela va marcher ? On vivra de quoi ? Tu n'as pas de travail. - Si, je me suis trouvé quelque chose. On ne s'enrichira pas tout de suite mais on vivra à l'aise, répond le jeune homme. Et il me semble que l'essentiel est de se réunir. - Oui, ne perdons pas de temps ! Viens et ne t'en fais pas, je m'arrangerai pour convaincre mes parents que toi seul peut me rendre heureuse ! - Mais c'est le cas, affirme-t-il. Pour toi, je suis prêt à renier ma famille ! N'est-ce pas une preuve d'amour ? Daya reconnaît que c'en est une. Une fois qu'elle a raccroché, elle est bien pensive. Elle est contrainte à mentir. Cela lui gâche en partie sa joie mais elle et Kamel n'ont pas le choix. S'ils veulent un jour se marier, ils devront mentir à leurs parents. Elle sait que lorsque ces derniers découvriront qu'ils leur ont menti, ils allaient piquer une colère terrible. La jeune fille espère seulement que ses parents sauront la comprendre et lui pardonner. Lorsqu'elle rentre ce jour-là, sa mère remarque vite qu'elle n'est pas bien. Après l'euphorie des jours derniers, son visage grave lui révèle que quelque chose ne va pas. Elle n'attend pas que sa fille vienne lui parler de ses tourments. Elle va l'interroger. - Qu'est-ce qui ne va pas ? - Kamel m'a appelé, répond-elle. Le pauvre je l'ignorais, il est orphelin ! Il n'a plus de famille depuis longtemps ! - Il doit bien avoir des grands-parents, des oncles, des tantes ? Il n'a pas grandi dans la rue ? - Je l'ignore yemma. Ce que je sais, c'est qu'il est seul et que son souci, à l'heure actuelle, est que vava acceptera de le recevoir ! - Mais il doit bien avoir quelqu'un, un oncle, une tante ou un cousin éloigné,dit Aïcha. Il n'est pas tombé du ciel ! - Tu viens de reprendre ses propos, ment Daya dans un soupir à fendre l'âme. C'est tout comme ! Le pauvre… Yemma, rassure-moi, vava ne refusera pas sa demande parce qu'il est orphelin ! Aïcha ne répond rien. Elle ne sait que penser de cette nouvelle et elle ne peut pas répondre à la place de son mari. Elle s'étonne que sa fille n'ait connaissance de ce fait important qu'aujourd'hui… A. K. (À suivre)