Après le ministre de la Défense, le chef de la diplomatie nippone s'est permis à son tour de critiquer la politique américaine en Irak avec une franchise très inhabituelle à l'encontre des Etats-Unis, allié et protecteur du Japon depuis 1945. Le ministre japonais des Affaires étrangères a carrément qualifié de très naïves les opérations américaines qui ont suivi l'invasion de l'Irak en 2003. Les opérations qui succèdent à l'occupation ne font pas songer à la pacification, a dit Aso, considéré comme un des faucons nationalistes de l'équipe du Premier ministre Shinzo Abe. La nouvelle flèche de Tokyo fait d'autant plus mal à Washington que l'administration Bush a souvent proposé le succès de l'occupation du Japon après 1945 comme modèle à la pacification de l'Irak. Auparavant, le ministre nippon de la Défense, Fumio Kyuma, avait nommément mis en cause le président Bush dans l'échec irakien. Bush a eu tort de partir en guerre, avait-il estimé, tout juste promu au poste de ministre de la Défense nouvellement créé. Les volées de bois vert de Tokyo ne sont pas du goût du département d'Etat américain qui s'est indigné auprès de l'ambassade du Japon aux Etats-Unis et qui, selon la presse nippone, menace d'annuler le prochain round de discussions bilatérales entre responsables des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays. Ces critiques tranchent avec la position de Tokyo qui a soutenu dès le début l'intervention américaine et a dépêché 600 soldats en Irak, début 2004, à la requête de Washington, l'été dernier. Le Premier ministre japonais n'a pas caché son embarras après les sorties de ses ministres en défendant la thèse que si un missile nord-coréen se dirigeait maintenant vers le Japon, il n'y a que les Américains qui pourraient protéger le pays. D. B.