L'Administration américaine pensait pouvoir gagner la guerre contre l'Irak par la bataille de communication, avant de la gagner militairement. Le rapport de forces entre les deux corps engagés sur le terrain, celui de l'alliance américano-britannique et celui de l'armée irakienne, fait que toute comparaison est superflue. Ce que l'Irak n'a pas fait au temps où il disposait de la quatrième armée du monde, il ne pouvait raisonnablement pas le réaliser au bout d'une décennie d'embargo et de surveillance de la part de la superpuissance. Ce n'est donc pas l'issue de la guerre qui est en cause : il suffisait de savoir que ce sont les Etats-Unis qui la déclarent pour en prévenir l'issue. Mais, voilà, les USA voulaient aussi choisir la guerre qu'ils souhaitaient faire : une guerre rapide, décisive avec un niveau minimum de pertes parmi les troupes engagées et, si possible, un ménagement maximum des populations civiles locales. Peut-être même l'espoir d'une réaction favorable envers les Marines libérateurs. Il fallait que l'idée d'“iraki freedoom” soit confirmée par des scènes de reddition militaires et d'accueil chaleureux. D'où ces premières images d'Irakiens qui se rendent, mais qui, visiblement, n'avaient rien de soldats. Ni à leur tenue ni à leur allure. Mais, la communication officielle avait un besoin urgent de confirmer l'avancée rapide des Marines et les défections précoces dans l'armée irakienne, toutes choses programmées pour les premières heures des hostilités. C'est ainsi qu'une division de huit mille hommes qui se seraient rendus, hier, n'étaient, après plusieurs déclarations, plus qu'un régiment de deux mille hommes. Bush a dû revoir son discours sur la stratégie de l'US Army : la guerre risque finalement de se prolonger et des pertes sont possibles. Visiblement sérieusement accrochée à Bassorah, après avoir peiné à Oum Qasr, l'armée alliée a, tout de même, et à chaque fois crié victoire avant que ces villes ne tombent et que l'état-major du général Franks ne revienne sur une victoire annoncée, mais qui tarde à se réaliser. Le général a, d'ailleurs, par inadvertance ou pour quelque intention qu'il reste à connaître, fait cette stupéfaite révélation : cela fait une année que cette guerre est planifiée. Autrement dit, tout le processus onusien pourrait n'avoir été qu'un théâtral détour pour une guerre depuis longtemps décidée. Ces faux pas confirment la piètre communication de guerre des Américains. Cet amateurisme peut se mesurer au nombre d'informations que les responsables politiques ou militaires ont dû rectifier, depuis le début de l'offensive. Quel crédit finalement à un discours politique et stratégique fait d'improvisations ? L'Amérique gagnera certainement la guerre, mais elle n'arrivera pas, à l'évidence, à avoir la victoire qu'elle veut. M. H.