Revigorée par ses fortes recettes des hydrocarbures et de ses armes, Moscou chercherait-elle désormais à concurrencer Washington dans ses zones d'influences ? Le président russe Vladimir Poutine entamera, dimanche, une tournée en Arabie Saoudite, au Qatar et en Jordanie, des pays considérés comme des alliés traditionnels de Washington. Afin de ne pas éveiller les soupçons sur ses véritables objectifs visant à entamer l'influence américaine dans la région, le chef de l'Etat russe a affirmé que la Russie n'envisageait pas d'“entrer en concurrence avec qui que ce soit” dans le Golfe. “L'idée de concurrence entre Washington et Moscou au Proche-Orient est un cliché hérité de la Guerre froide. Nous pouvons, certes, entrer en concurrence acharnée dans le domaine économique, mais en géopolitique, nous avons les mêmes intérêts”, a renchéri le chef de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la fédération, Chambre haute du Parlement russe, Mikhaïl Marguelov. Ceci étant, ce voyage de trois jours est le premier d'un président russe dans ces pays du Proche-Orient. En 2005, Poutine avait déjà donné un aperçu sur ses intentions en devenant le premier dirigeant russe d'un tel rang à se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens. Le patron du Kremlin se rendra d'abord en Arabie Saoudite les 11 et 12 février. Il fera dans la foulée une escale de quelques heures au Qatar, qui dispose des troisièmes réserves mondiales de gaz après la Russie et l'Iran, avant de rejoindre Amman pour des consultations les 12 et 13 février avec le roi Abdallah II de Jordanie. Si les rencontres avec ce monarque à la tête du seul Etat arabe avec l'Egypte à reconnaître Israël et clef de voûte de la stabilité dans la région, revêtent un caractère primordia, ce sont les discussions entre M. Poutine et le roi d'Arabie Saoudite qui constituent le temps fort de la tournée de Vladimir Poutine. Les crises internationales, le pétrole, la lutte contre le terrorisme et les ventes d'armes russes, devraient et seront les principaux thèmes des entretiens. Pour rappel, le président russe a salué récemment le “tout nouveau niveau de coopération” entre la Russie et l'Arabie Saoudite. Il a déclaré : “Nous constatons un intérêt dans les milieux d'affaires saoudiens pour le développement des relations avec les partenaires en Russie”. Quinze ans après la chute de l'URSS, la Russie effectue, en effet, un retour en force au Proche-Orient et mène une offensive de grande envergure pour redynamiser son industrie militaire et emporter de nouveaux marchés dans la région. De son côté, l'Arabie Saoudite, client traditionnel du complexe militaro-industriel américain, cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en armes et pourrait s'intéresser aux chars russes T-90 et aux hélicoptères russes Mi-17 (utilisés pour le transport de troupes et de charges lourdes). K. A. /Agences