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“Nous rejetons toutes les fetwas du clergé irakien”
Abbas Al-Moussaoui, opposant chiite, à Liberté :
Publié dans Liberté le 31 - 03 - 2003

Abbas Al-Moussaoui est membre de la Hawza Zaynabiya de Damas, plus grande confrérie chiite en Syrie, fondée par le savant irakien l'Ayatollah Al-Odhma Hussein A-Chirazi (assassiné par les services irakiens en 1980 à Beyrouth).
Nous l'avons interrogé sur la position du clergé chiite par rapport à la guerre. Notre interlocuteur rejette en bloc les fetwas émises à partir de Najjaf A-Charif sur le djihad en Irak et fustige Saddam, sans pour autant ménager l'Amérique…
Liberté : Cheikh Moussaoui, est-ce que l'on peut connaître la position de la communauté chiite de manière générale, et celle de votre instance religieuse en particulier par rapport à ce qui se passe en Irak ?
Abbas Moussaoui : Comme chacun le sait, le problème du peuple irakien est en Saddam. Tout le monde sait que Saddam Hussein est un tyran, un despote, un terroriste et un criminel. Cela ne veut pas dire que nous innocentons l'Amérique. C'est l'Amérique qui a fabriqué Saddam, qui lui a donné les armes de destruction massive. Elle l'a soutenu jusqu'au bout. Aujourd'hui, il se trouve qu'il y a une divergence d'intérêts entre eux. L'Amérique veut avoir la mainmise sur la région. Le conflit qui oppose en ce moment l'Amérique au Saddam— et non pas le peuple irakien — est un conflit de pouvoir. L'Amérique veut le pétrole irakien, Saddam veut rester au pouvoir. Bush est un tyran, et Saddam est un tyran. Donc c'est une guerre du mal contre le mal. Saddam veut continuer à diriger d'une main de fer, à écraser le peuple irakien et à profaner les lieux sacrés de l'Irak. Bush veut contrôler le Moyen-Orient, et il se trouve que le centre de gravité de la région, c'est l'Irak. Maintenant, pour ce qui est de la position des chiites, nous considérons qu'il y a trois cas de figure, le bien contre le mal, le mal contre le mal et le bien contre le bien. Dans le cas précis de cette guerre, cela rentre sous la deuxième configuration. Et dans ce genre de situation, nous observons la neutralité. Nous ne sommes ni avec Saddam ni avec l'Amérique, mais nous sommes très solidaires avec le peuple irakien, voilà la position dominante chez les chiites.
Pourtant, les chiites d'Irak sont loin d'observer cette neutralité. Ils ont clairement pris position contre les forces de l'agression américano-britannique, et le clergé chiite je pense, notamment à la Hawza Ilmiya du Najjaf A-Charif, a émis une fetwa appelant au djihad et légitimant les opérations kamikazes.
Les fetwas émises par la Hawza du Najjaf ou émanant d'autres autorités religieuses basées en Irak sont nulles et non avenues. Nous les rejetons en bloc et dans le détail. Elles n'engagent en rien les musulmans, encore moins les chiites. Le savant qui se trouve sous le joug de Saddam, et qui est sous la pression, ses fetwas n'ont aucune valeur. Saddam obtient ce qu'il veut des chefs religieux par la terreur.
Et celle émanant du cheikh Fadl Allah du Liban ? Il ne subit pas la pression de Saddam, lui ?
C'est son avis et nous les chiites, nous avons un islam ouvert qui appelle à la diversité des points de vue. Celui qui veut soutenir Saddam, qu'il le soutienne. Celui qui veut aller avec l'Amérique, il est libre de le faire. Mais je maintiens que la tendance dominante chez les chiites, c'est de ne pas soutenir un tyran.
Mais ce sont les terres de l'islam qui sont profanées…
Ceci n'est pas plus préoccupant que la libération du peuple irakien qui est otage d'un régime oppresseur depuis 35 ans. En trois décennies de régime, Saddam a entraîné l'Irak dans trois guerres meurtrières. Si vous faisiez un sondage en Irak, vous allez constater que même les personnes qui n'ont pas été inquiétées par le régime — et je serais fort étonné qu'il y ait des gens épargnés par la dictature de Saddam — tous, sans exception, vous diront qu'ils ne demandent qu'une seule chose : le départ de Saddam. Les médias qui parlent de la situation en Irak, à tort et à travers, n'expriment pas les véritables sentiments du peuple irakien.
Concrètement, qu'attendent les chiites de cette guerre ?
Pour l'instant, nul ne peut se prononcer. Après la chute du régime de Saddam, on verra en fonction de ce que vont faire les Américains.
Seul le peuple décidera de son sort en fait. Même l'Amérique ne décidera pas à sa place, et ne peut dicter ses lois au peuple irakien. Notre souhait est qu'il y ait des élections libres et qu'un régime démocratique soit instauré à Bagdad. C'est au peuple de tout décider après. C'est lui qui désignera le président de la République et ses ministres. Maintenant, si les élections se font sous la terreur, rien ne changera, et un autre Saddam va succéder à celui-ci.
Vous pensez réellement que les Américains vont installer à Bagdad un meilleur régime ?
Je ne dis pas que l'Amérique va instaurer un régime “meilleur”. Néanmoins, l'Amérique va permettre au peuple irakien de respirer enfin.
Si Saddam tombe, quelle va être l'attitude des chiites, d'après vous ?
Au moment opportun, nous allons dire notre mot. Nous allons juger sur pièce. Nous devons d'abord voir ce que vont faire les Américains. On ne peut jurer de rien. Le complexe du peuple irakien est noué autour de Saddam.
Après la chute du régime actuel, plusieurs questions se posent. Comment va réagir le peuple irakien ? Que vont faire les Américains ? Quel régime vont-ils installer ? Pour le moment, l'objectif le plus urgent, c'est d'éliminer Saddam. Attention, cela ne veut pas dire que nous soutenons l'Amérique.
L'Amérique aussi est un mauvais choix. Nous voyons chaque jour ce qu'elle inflige au peuple irakien. Mais, hélas ! il n'y a pas d'autre voie. L'Amérique seule a le pouvoir de changer la situation en Irak. L'après-Saddam se décidera dans une deuxième phase.
Quelles sont les relations de votre collège avec les chiites irakiens ?
Cette Hawza est la première et la plus importante en Syrie. Son fondateur est un Irakien. C'est l'Ayatollah Al-Odhma, Sayyid Hussein A-Chirazi de Karbala. Il l'a créée en 1975. Il a été ensuite assassiné par les “moukhabarat” irakiens en 1980, à Beyrouth, de 12 balles dans la tête. Il a été liquidé au quarantième jour de l'assassinat de Mohamed Baqir A-Sadr. Il faut savoir que les chiites irakiens ont été trop longtemps persécutés par le régime. Dès la prise du pouvoir par Saddam, à la fin des années 1960, le cheikh Hussein Chirazi a été arrêté et jeté en prison. Il a subi 57 méthodes de torture. Il a été émasculé, et jusqu'à son martyre, il ne s'est pas marié à cause de cela.
Les chiites d'ici ne peuvent pas effectuer de pèlerinage aux Lieux Saints de Najjaf et Karbala ?
Hélas, non !
Pourquoi cette persécution à l'endroit des chiites en particulier ? Est-ce que cela ne s'explique pas en partie par le fait que l'“idéologie chiite” si j'ose dire est révolutionnaire dans l'âme ?
En vérité, le régime de Saddam ne fait pas de distinction entre les différentes communautés religieuses (tawaïf). Le fait est que les chiites sont majoritaires. Ils constituent 80 à 85% de la population. Par ailleurs, il faut savoir que les chiites, de nature, refusent et rejettent l'injustice, prenant en cela pour exemple l'imam El-Husseïn (fils de l'imam Ali, ndlr). Cela dit, les chiites n'appellent nullement à la violence. Ils n'ont rien à voir avec Ben Laden. Nous rejetons l'extrémisme. Nous sommes simplement pour la justice. Nous sommes des pacifistes. Nous appelons à la paix. Mais par la justice, nous sommes prêts au martyre, comme notre guide l'imam Al-Hussein. Et on nous appelle d'ailleurs “a-chîa a-rafidha” (les chiites réfractaires) car nous rejetons l'injustice.
Quelles sont vos relations avec le Hizbollah libanais ?
Très bonnes. Dieu a dit : “Tous les croyants sont des frères”. Mais nous n'avons pas d'hommes sur le front anti-israélien. Nos frères au Liban ont suffisamment d'éléments pour combattre Israël. Vu les circonstances, nous sommes tous braqués sur le front irakien.
Vous ne comptez donc pas, pour l'heure, aller faire le djihad aux Américains ?
Nous préférons attendre d'abord ce que va faire l'Amérique en Irak.
Vous ne soutenez même pas les opérations des “fidayine” ?
Si le but de ces opérations est de défendre Saddam, on ne peut pas considérer comme “chahid” celui qui les fait, c'est plutôt du suicide. Et celui qui les fait pour l'amour de Saddam, sera ressuscité avec Saddam.
M. B.


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